Origine et histoire de l'Église Saint-Maximin
L'église Saint-Maximin est une église catholique de Metz, en Moselle, située près du temple luthérien et implantée au 68 rue Mazelle, dans le quartier Outre-Seille. Elle est placée sous le vocable de l'évêque Maximin de Trèves, décédé en 347. L'édifice, de style roman, a été édifié entre le XIIe et le XVe siècle. Le chœur, la croisée du transept et le clocher carré datent du XIIe siècle et témoignent de l'époque romane, tandis que la nef appartient au XVe siècle. Dans le transept sud se trouve la chapelle des Louve et des Gournay, datée de 1365 et donnée par Poinsignon Dieu Amy. Le jeune Jacques-Bénigne Bossuet y prononça le 24 octobre 1658 l'une de ses premières oraisons funèbres, consacrée à Henry de Gournay. Un portail baroque remplaça la porte ogivale en 1753.
L'église abrite les seuls vitraux connus dessinés par Jean Cocteau, avec ceux de la chapelle Notre‑Dame de Jérusalem à Fréjus et de la chapelle Saint‑Blaise‑des‑Simples à Milly‑la‑Forêt ; les cartons datent de 1962 et les vitraux ont été posés à la fin des années 1960. L'œuvre de Metz, largement réalisée après la mort de Cocteau le 11 octobre 1963, a été menée à son terme par Édouard Dermit et Jean Dedieu, en collaboration avec Raymond Moretti. Les vitraux ont été exécutés par l'atelier Émile et Michel Brière de Levallois‑Perret, que Cocteau demanda de cosigner. La création comprend quatorze baies totalisant vingt‑quatre fenêtres et se développe autour de trois axes principaux.
D'une part, Cocteau rapproche son travail d'images et de motifs inspirés des cultures anciennes et des arts premiers, faisant surgir des figures végétales, minérales et charnelles et suggérant une communion entre la nature et l'homme. Le vitrail central de l'abside présente notamment le motif de l'homme aux bras levés, rapproché ici de la posture chamanique décrite par Mircea Eliade. D'autre part, plusieurs verrières préfigurent, selon l'interprétation proposée, des motifs et des démarches qui seront développés par l'art contemporain, avec des rapprochements évoquant le street art et certains courants de la peinture américaine d'après‑guerre. Le texte cite en exemple l'usage ultérieur par Keith Haring du motif de l'homme aux bras levés et renvoie à des affinités formelles avec le Color Field Painting. Enfin, le vitrail axial est lu comme un hymne à l'immortalité : la présence de l'orant et de son double suggère une invocation à la foi en l'immortalité, thème récurrent chez Cocteau, proche de ses motifs orphiques. En 2013, cinquante ans après la disparition de l'artiste, la Ville de Metz a inauguré une place Jean Cocteau à proximité de l'église en hommage à ce dernier chef‑d'œuvre. Le site Atlas Obscura a par ailleurs cité l'église Saint‑Maximin parmi les 13 701 endroits à voir sur la planète avant de mourir.
L'orgue, construit en 1969 à partir de tuyauterie ancienne par la manufacture Haerpfer Erman, a été inauguré en 1970 par Pierre Gazin ; il comporte deux claviers de 56 notes et un pédalier de 30 notes à transmissions mécaniques. La restauration de 2010, conduite par le facteur Michel Gaillard pour la manufacture Bernard Aubertin, a rapproché le Grand Orgue et la Pédale du Positif de dos, réaménagé la transmission mécanique et réharmonisé la tuyauterie dans l'esprit d'un orgue baroque mêlant influences françaises et allemandes. L'édifice reste affecté au culte et son acoustique en fait également un lieu privilégié pour des concerts. L'église est classée monument historique depuis 1923 et plusieurs objets, dont le reliquaire de saint Maximin, ont été inscrits au titre des monuments historiques.