Origine et histoire de l'Église Saint-Médard
L'église Saint-Médard, située à Grandpré dans les Ardennes, est une église catholique au caractère nettement défensif. Selon des chartes médiévales, une église Saint-Médard existait déjà en 1170. La paroisse dépendait de la mense de l'abbaye des chanoines réguliers de Saint-Denis de Reims et était desservie par des religieux de cette maison. L'édifice actuel a probablement été bâti au XVIe siècle, éventuellement en réutilisant des parties d'ouvrages antérieurs. Il a été endommagé pendant la Révolution française et, plus sévèrement, lors des Première et Seconde Guerres mondiales, puis restauré à plusieurs reprises. Les campagnes de restauration les plus récentes ont visé les vitraux en 1997, 2000 et 2006. L'édifice est classé au titre des monuments historiques depuis 1911.
À l'extérieur, la façade est dominée par une tour carrée et massive coiffée d'un toit à quatre pans ; au-dessus de la croisée du transept s'élève un clocher effilé surmonté d'une pyramide octogonale et orné de quatre clochetons. Le portail, au bas de la tour et encadré par deux contreforts, présente une voussure en ogive basse décorée de six cordons saillants reposant sur des colonnettes. Au-dessus s'ouvre une arcade ogivale percée de fenêtres à meneau et d'une rosace dont le vitrail illustre la légende de l'aigle protégeant saint Médard, renvoyant à la symbolique du ciel et des éléments. Le flanc droit comporte quatre pignons et une porte surmontée d'un fronton triangulaire orné de volutes.
L'intérieur offre une nef de cinq travées longue de 22 mètres, séparée des bas-côtés par de gros piliers ronds dont les chapiteaux sont sculptés de feuillage. Les nervures des voûtes retombent sur des dais ajourés qui abritent des statues posées sur des consoles ; le transept mesure vingt mètres de largeur et le chœur, à trois pans, s'éclaire de trois grandes fenêtres. Les stalles, datées du XVIIe siècle, proviennent de l'abbaye de Belval, et le tambour de la porte principale a également été apporté de cette abbaye à la suite des démantèlements de la Révolution. L'un des éléments intérieurs les plus remarquables est le mausolée en marbre noir de Claude de Joyeuse et de son épouse : Claude de Joyeuse, décédé en 1629, fut capitaine au sein des Ordonnances du Roi, conseiller des rois Henri IV et Louis XIII, gouverneur de Mouzon et de Beaumont-en-Argonne et avait abjuré sa religion protestante. Le tombeau repose sous un dais soutenu par quatre colonnes ioniques ; des statues, mutilées pendant la Révolution, occupent les angles de l'entablement et représentent la fidélité, la foi, la tempérance et le courage. Les statues de marbre blanc figurant Claude de Joyeuse et son épouse furent brisées lors des événements révolutionnaires. Une inscription figure sur le mausolée : "Tout ce que la terre nourrit - Finalement elle le pourrit."