Origine et histoire
Au cœur du village de Vigny, l'église Saint‑Médard jouxte le domaine du château et forme avec lui un ensemble historique indissociable. Le domaine a été acquis par le comte Philippe Vitali en 1867 ; homme d'affaires vénitien d'origine grecque ayant fait fortune dans les chemins de fer, il lança une vaste opération de modernisation du village. Après une importante campagne de travaux sur le château (Cazaux, architecte, 1888), il organisa un concours pour la reconstruction de l'église, qui désigna Georges Tubeuf comme architecte. Né en 1850 et admis aux Beaux‑Arts de Paris en 1869, Tubeuf, surtout connu comme théoricien, n'est guère identifié pour d'autres réalisations, si ce n'est sa participation au chantier du château. L'église et plusieurs bâtiments et travaux d'utilité publique de la commune furent quasi intégralement financés par le comte Vitali, ce qui explique l'unité stylistique et l'homogénéité du centre bourg. Construite à partir d'octobre 1894 et achevée en 1896, la nouvelle église remplace une bâtisse médiévale démolie en raison de sa vétusté. La reconstruction entraîna aussi la démolition de l'ancien presbytère au profit d'une place mettant en valeur la façade principale ; cette mise en scène urbaine semble avoir été voulue par le comte pour créer un écrin au château et à l'église. Le chevet de l'édifice est adossé, au sud‑ouest, à l'orangerie du château (XVIIe siècle) ; un petit escalier ménagé contre le chœur, dans le prolongement du bas‑côté nord, permettait au châtelain d'accéder directement à l'église depuis l'orangerie. Suivant les préconisations du conseil des bâtiments civils pour les églises paroissiales, Saint‑Médard présente un plan en croix latine à trois vaisseaux, un chevet polygonal et un transept légèrement saillant. Le clocher‑porche renvoie au type courant de l'église rurale, tandis que le couvrement en briques de ciment de la nef et des bas‑côtés témoigne d'une recherche d'économie. Si, à première vue, l'édifice rappelle les réalisations du XIXe siècle influencées par le rationalisme du conseil des bâtiments civils, son gabarit, sa flèche élancée et sa richesse ornementale lui confèrent un caractère remarquable. Les vitraux, luminaires et sculptures forment un ensemble homogène, assez luxueux et rare en grande couronne, dont les auteurs sont identifiés. Le répertoire décoratif s'inspire volontiers des modèles médiévaux, principalement du gothique du XIIIe siècle, et le programme iconographique porte la marque personnelle de Vitali, soulignant la parenté évidente entre l'église et le château ; l'empreinte des pouvoirs publics y reste modérée du fait du contexte social et financier spécifique.