Origine et histoire de l'Église Saint-Menoux
L’église Saint‑Menoux, située dans la commune éponyme de l’Allier en Auvergne‑Rhône‑Alpes, est une église romane du Bourbonnais classée au titre des monuments historiques sur la liste de 1840. Elle dépendait d’une abbaye bénédictine connue par une charte de l’an 1000 et dédiée aux saints locaux Menou et Blaise, rattachée à l’ancien diocèse de Bourges. Le narthex, la partie la plus ancienne, remonte aux Xe‑XIe siècles; les chapiteaux sculptés présentent des figures monstrueuses sur toutes les faces. Les parties orientales furent remaniées au deuxième quart du XIIe siècle dans un programme décoratif raffiné, probablement en relation avec les ateliers qui intervenaient à Souvigny. Le XIIIe siècle marque la construction du clocher, la reprise du transept (oculus et baies), la réalisation des portails nord, sud et ouest de la nef et le percement de diverses fenêtres. Des éléments de la nef et du clocher sont datés du XIVe siècle; le clocher était autrefois surmonté d’une flèche qui disparut par la suite. À la fin du XVe siècle, l’abbesse Madeleine d’Amboise fit moderniser le bas‑côté sud, la fenêtre de la chapelle d’axe, les piles et le voûtement de la nef, et perça des fenêtres gothiques dans les collatéraux. Dans le quatrième quart du XVIIe siècle, l’abbesse Marie‑Gabrielle du Boulay‑Favier transforma profondément les intérieurs en modifiant le chœur, en installant une sacristie dans le déambulatoire et l’absidiole sud, en ouvrant une nouvelle porte nord en 1683 et en badigeonnant l’église en blanc. À la fin du XVIIIe siècle l’édifice était fortement dégradé, les voûtes fragilisées, et la Révolution porta atteinte à son état ; le maire profana alors les tombeaux des abbesses et l’église, avant d’être emprisonné quelques mois plus tard. Après la Révolution, l’église devint paroissiale; en 1806 la flèche de pierre octogonale du clocher s’effondra. De nombreuses restaurations du milieu du XIXe siècle déplacèrent ou détruisirent l’ancien mobilier pour tenter de rendre un état d’origine illusoire, mais elles sauvèrent les voûtes et les murs de l’effondrement. Le narthex fut transformé en musée lapidaire; la crypte, qui servait de cimetière aux religieuses, a été comblée de débris et sa voûte percée. L’église s’inscrit parmi les nombreuses églises romanes du pays de Souvigny et constitue un témoignage notable de l’art roman régional. Dans le chœur se trouve la débredinoire, sarcophage renfermant les reliques du saint et doté d’un trou destiné, selon la tradition, à faire passer la tête pour que l’on ne soit plus « bredin » (simple d’esprit en parler bourbonnais). Sous le porche et dans l’église sont visibles des plaques funéraires, notamment la stèle de la prieure Henriette de Lévy‑Charlus (morte en 1713 à Bourbon) et celle de Marie‑Gabrielle du Boulay‑Favier (morte en 1695), ainsi que des sarcophages mérovingiens avec fenestella.