Origine et histoire de l'Église Saint-Mesmin
Selon la tradition, l'église a été fondée au VIe siècle pour abriter le corps de saint Mesmin. Située à La Chapelle‑Saint‑Mesmin dans le Loiret, elle domine la Loire à flanc de coteau au‑dessus de la grotte dite « du dragon » et est l'une des plus anciennes du Val de Loire. L'édifice actuel, de style préroman, a été bâti aux XIe et XIIe siècles sur les vestiges d'une première basilique funéraire élevée au‑dessus du tombeau du saint. La grotte et la légende du dragon, liées à l'ancienne toponymie de Béraire, ont fait du lieu un important site de pèlerinage. La première église fut détruite lors des invasions normandes aux IXe–Xe siècles et l'église reconstruite aux XIe–XIIe siècles est mentionnée comme bien de l'abbaye de Micy dans une bulle pontificale de Pascal II datée du 16 mars 1116. L'édifice subit des dommages pendant la Guerre de Cent Ans puis fut réparé au XVe siècle, en partie grâce aux subsides du duc Charles d'Orléans, et le reliquaire de saint Mesmin fut confié à l'abbaye de Micy à la fin du XVe siècle. Les guerres de Religion de 1562 entraînèrent l'incendie de l'église et la profanation de la grotte, puis les possessions monastiques furent vendues au chapitre de la cathédrale d'Orléans en 1570. Le clocher date du XVIIe siècle et la plus ancienne tenue de registres par les curés remonte à 1666. De multiples campagnes de restauration et d'aménagement ont eu lieu aux XVIIIe et XIXe siècles : fermeture d'une porte, allongement de l'aile sud, percements de fenêtres, réaménagements des sacristies et transformations des voûtements et des couvertures. L'église a servi de dépôt de salpêtre après la Révolution et fut le théâtre de tensions religieuses liées à la loi de 1905, inventaires des biens et incidents tels que le cambriolage de 1905. Classée au titre des monuments historiques en 1862, elle a fait l'objet de nombreux travaux d'entretien et de restauration tout au long du XXe siècle et d'opérations importantes menées par la ville entre 2012 et 2018 sous l'égide de l'architecte en chef des Monuments historiques, pour un montant de 1,6 million d'euros soutenu par l'État et le département. L'église présente un plan basilical sans transept, long de 32 m et large de 17 m, avec trois nefs et une flèche culminant à 35,80 m ; la toiture de la nef atteint 14 m de hauteur. Le portail en plein cintre, décoré de claveaux alternés, est sans doute la partie la plus ancienne de l'édifice. Les murs emploient une grande variété de matériaux et de remplois — calcaires, grès, briques et tuiles — attestant des réemplois tardo‑antiques et du haut Moyen Âge. La nef compte cinq travées, le chœur se compose d'une travée droite et d'une abside en cul‑de‑four, et les bas‑côtés s'ouvrent sur des absidioles et une chapelle des fonts baptismaux dédiée à saint Jean‑Baptiste. Le clocher, rehaussé au XIXe siècle et surmonté d'une flèche en charpente d'ardoise, possède des baies géminées protégées par des abat‑sons et des pinacles aux angles ; une tourelle d'escalier mène aux trois niveaux intérieurs et au beffroi abritant les cloches. Les charpentes visibles datent d'une reconstruction entre la fin du XVe et la fin du XVIe siècle et la voûte primitive en bois subsiste encore sous la voûte en pierre réalisée en 1844. Le mobilier comprend un chemin de croix en plâtre moulé doré, un confessionnal, une chaire, des bancs, une tribune d'orgue, les fonts baptismaux et trois autels ; la Vierge à l'Enfant en bois doré, offerte en 1813 par Mademoiselle Raucourt, est installée dans l'absidiole sud. Parmi les œuvres signalées figurent L'Adoration des Mages et un Christ guérissant les malades attribué à Bon Boullogne, classé en 1908 et restauré en 1995, ainsi que plusieurs statues et plaques d'épitaphe anciennes. La plupart des vitraux sont modernes, issus notamment de l'atelier Gouffault d'Orléans et de Charles Lorin de Chartres, plusieurs ayant été remplacés après les destructions de 1944. L'orgue romantique, offert par Aimée Gramain, a été réalisé en 1897 par Charles Anneessens et comporte dix‑neuf jeux avec transmission tubulaire ; il a été relevé et restauré au XXe siècle et inscrit à l'inventaire supplémentaire des orgues historiques. Les cloches, fondues par la fonderie Bollée, comprennent Jeanne‑Marie, Mesmin et Françoise Paule, aujourd'hui électrifiées et accordées respectivement sur Fa3, Sol3 et La3. Le presbytère ancien, proche de la place du Bourg, comprenait le logement du curé, une cour et une salle paroissiale édifiée en 1901 selon les plans de l'architecte Pagot. D'autres chapelles liées au petit séminaire existaient sur la commune, comme la chapelle Sainte‑Anne qui fut attribuée à la commune en 1911 puis démolie en 1958. Les études, inventaires et publications locales et diocésaines documentent l'histoire de l'église, son mobilier et les listes d'abbés et de responsables paroissiaux conservés aux archives.