Origine et histoire
La basilique Saint-Michel-Archange de Menton, située au cœur du centre historique, forme avec la chapelle de la Conception et leurs abords un ensemble baroque accessible depuis la route du bord de mer par de majestueuses rampes d'escaliers menant à une place au parterre caladé. Souhaitée par le prince Honoré II de Monaco, sa construction fut confiée à l'architecte Lorenzo Lavagna et la première pierre posée en 1619 en présence du prince et de l'évêque de Vintimille. Les terrassements commencèrent en 1639 et l'église fut ouverte au culte en 1653, puis consacrée en 1675 par l'évêque de Vintimille en présence du prince. À l'ouest, l'architecte Emmanuel Cantone fit ériger un clocher de cinquante-trois mètres, dit "Campanin", tandis qu'à l'est se dresse une tour de l'Horloge à base carrée, vestige de l'église antérieure. La façade actuelle, réalisée au XIXe siècle dans l'esprit du baroque du XVIIe siècle, présente une composition sobre articulée en deux registres de colonnes, trois portails et des niches abritant les statues de saint Michel, saint Maurice et saint Roch. L'édifice fut élevé au rang de basilique mineure en 1999 et consacré comme telle en 2000, et son parvis accueille depuis 1949 un festival de musique classique chaque mois d'août. La basilique et son parvis sont classés au titre des monuments historiques depuis 1947, et la place ainsi que les façades et toitures des immeubles ont été inscrites en 1961. Des travaux de restauration ont été menés de septembre 2018 à la fin 2019.
Le plan de l'église est basilical à trois nefs ; la nef centrale, large de 10,20 mètres, est composée de quatre travées, tandis que le chœur mesure 7,90 mètres de large. La voûte principale en berceau, percée de lunettes, laisse filtrer la lumière à travers des vitraux récents posés par le service des Monuments historiques, qui créent un effet irisé et doré. Le sanctuaire à chevet plat abrite le maître-autel en marbres polychromes du XVIIIe siècle, surmonté d'une statue processionnelle de saint Michel en bois peint et doré datée de 1820. Au fond de l'abside, une tribune supporte le buffet d'orgue de style italien provenant de l'instrument construit en 1666 grâce aux libéralités de la famille Pretti de Saint-Ambroise ; de l'instrument ancien il ne subsiste que ce buffet. Les stalles du XVIIIe siècle encadrent le maître-autel ; du côté de l'Évangile se trouvent trois tableaux dont une Vierge Noire entourée de saints datée de 1639, et du côté de l'Épître un retable à trois toiles, dont le panneau central, issu de la deuxième église, représente saint Jean-Baptiste, saint Michel et saint Pierre et fut restauré en 1565 par Antoine Manchello. La chaire à prêcher, datée de 1652 et élevée sur une colonne toscane, a également été offerte par la famille Pretti. Le sanctuaire et la nef centrale sont décorés tous les cinq ans de tentures en damas amarante offertes en 1757 par Honoré III Grimaldi lors de son mariage.
Les deux nefs latérales, hautes de dix mètres sous voûte, abritent plusieurs chapelles décorées et richement dotées en œuvres d'art et ornements. Au nord se trouve une grande niche avec un autel-retable en stucs du XVIIe siècle ; la toile orientale est une Vierge Noire avec deux saints attribuée à Jacques Vento, ex-voto pour une guérison de la peste, et la toile occidentale est une Fuite en Égypte attribuée à Jean-Augustin Vento. Au sud, deux chapelles absidales parallèles sont dédiées à sainte Dévote, chapelle liée à la famille Grimaldi et ornée d'un retable inspiré de Bassano représentant la patronne avec le Rocher de Monaco, et à Notre-Dame du Rosaire, riche en stucs dorés et dotée d'un autel en marbre surmonté d'une Vierge en marbre de Carrare sculptée par un élève génois de Pierre Puget. Le long des nefs latérales s'ouvrent d'autres chapelles qui furent tour à tour sépultures des familles patriciennes mentonnaises, tandis que les habitants du peuple étaient enterrés dans une fosse commune sous la nef principale jusqu'en 1850.
La première chapelle orientale, des Âmes du Purgatoire, occupe l'emplacement du sanctuaire du XIIIe siècle et présente un autel en marbre avec un bas-relief et un retable de Bernardin Puppo montrant un pape indiquant le Purgatoire à la Vierge et à l'Enfant. La chapelle de la Sainte-Croix, propriété de la famille Monléon, comporte un retable en stuc et une toile d'Orazio de Ferrari représentant le Christ en croix avec la Madeleine, la Vierge et saint Jean ; on y trouve aussi une Vierge à l'Enfant coiffée d'une tiare pontificale. La chapelle de l'Assomption, ancienne chapelle de la famille Faraldo, conserve un retable encadrant une Assomption de Bernardin Puppo datée de 1676, tandis que la chapelle Saint-Antoine-de-Padoue abrite une toile de Barthélémy Puppo de 1656 représentant le saint adorant l'Enfant. Côté ouest, la chapelle Saint-Joseph conserve la pierre tombale de la famille Pretti-Galleani et un retable de l'Adoration des Bergers attribué au "chevalier Ferrari", la chapelle Notre-Dame-des-Grâces, construite au XVIIIe siècle, présente une toile montrant un état de la vieille ville en 1848, et la chapelle du Sacré-Cœur, du XIXe siècle, possède un retable en trois panneaux et une voûte ornée de gypseries et de trompe-l'œil. La chapelle des fonts baptismaux, située à l'ouest près de l'entrée, comporte un autel en marbre provenant de la chapelle de la Miséricorde, des fonts aménagés sur un palier desservi par un double escalier et un grand retable dont la niche centrale abrite un groupe sculpté en marbre du baptême du Christ. Certaines voûtes de chapelles datent du XVIIe siècle ; d'autres furent refaites après le tremblement de terre de 1887 et présentent de remarquables trompe-l'œil réalisés par des artistes locaux.
La basilique conserve des objets liturgiques et sacrés : une croix processionnelle du XVIe siècle montée sur une lance turque rapportée de Lépante en 1571, des ornements brodés d'or, des candélabres, des reliquaires et de nombreuses toiles religieuses. Le buffet d'orgue italien du XVIIe siècle est souvent attribué à tort à Giovanni Oltrachino ; l'attribution est incorrecte et l'orgue ne peut lui être imputé. La partie instrumentale moderne a été refaite en 1930 par la maison Michel-Merklin & Kuhn sous la direction de Pierre Chenet, puis restaurée avec électrification de la transmission en 1972 par Mesle pour les établissements Ruche & Cie.
