Origine et histoire de l'Église Saint-Michel
L'église Saint-Michel de Bolbec conserve des vitraux et un décor intérieur datés de la fin du XIXe siècle. Elle est mentionnée dès 1071, lorsqu'elle est donnée à l'abbaye de Bernay par Roger Porchet, Hugues de Bolbec, Adelin et Adam de Raffetot. À l'origine, l'édifice était divisé en deux parties, l'une pour les religieux du prieuré Saint-Michel, l'autre pour les paroissiens. À la fin du XVIIIe siècle, il se présentait comme une église de plan en croix latine à un vaisseau, avec une tour sur la croisée et un chœur à abside semi-circulaire pouvant appartenir à l'édifice primitif, flanqué de deux bas-côtés terminés par une abside à trois pans construits plus tard. L'édifice est détruit par le feu lors de l'incendie de la ville en 1765; l'église priorale du Val-aux-Grès sert alors de paroissiale et la chapelle de la Vierge est provisoirement réparée en 1766. En 1772, la municipalité approuve un devis de l'entrepreneur Laroche, mais le duc de Charost impose l'architecte Pierre Patte, qui propose d'utiliser les pignons restés debout. Un legs de la comtesse de Fontaine Martel en 1773 permet de relancer le projet; le plan économique de Patte est finalement abandonné en raison de fondations insuffisantes et un second devis, pour une église plus vaste « à la moderne », est approuvé. Les travaux sont adjugés à Pierre Aubrée, maître maçon à Saint-Romain-de-Colbosc; en 1779 la fermeture des croisées est réalisée par Jacques Belloncle et le lambrissage ainsi que les bancs par les frères Louis et Pierre Bocquet, puis en 1780 le beffroi est confié au charpentier Étienne Varin. La nouvelle église est bénie en 1781 et les travaux sont réputés terminés en 1783 avec la donation du maître-autel et de la chaire par le cardinal de la Rochefoucauld, réalisés d'après les dessins de Patte. En 1786, quinze croisées des bas-côtés et des bras du transept sont garnies en fer et composées de seize panneaux de verre montés en plomb. Pendant la Révolution, la municipalité acquiert l'orgue de l'église supprimée de Saint-Herbland à Rouen et le transporte à Bolbec (1791-1792). Le chœur est dallé de marbre en 1842 par le marbrier Roger d'Yvetot ; en 1850 le perron, les grilles et les balustrades sont reconstruits par l'entrepreneur Hurant d'après un devis de l'architecte Marage. Une sacristie est ajoutée à droite du chœur en 1869, puis un immeuble contigu est acheté en 1888 pour y installer une nouvelle sacristie en brique et pierre ; l'agrandissement de la chapelle axiale de la Vierge en grès, brique et pierre de Liais est signé par l'architecte Lequeux en 1891, auquel s'ajoute en 1894 une chapelle latérale sud et la projection d'une chapelle nord, avec la construction de nouvelles portes latérales en pierre de Saint-Maximin. Les fenêtres du transept et du chœur sont l'œuvre du maître-verrier rouennais Jules Boulanger, datées de 1885-1887. Un if est planté en 1945 comme arbre de la liberté. L'édifice a été classé au titre des monuments historiques en 1992. L'orgue, construit en 1630-1631 par Guillaume Lesselier pour l'église Saint-Herbland de Rouen, a été agrandi et modifié au XVIIIe siècle par Jean-Baptiste Martin Lefebvre (1760), a subi des transformations au XIXe siècle, puis a été restauré par l'atelier Boisseau-Cattiaux en 1998-1999; il comprend quatre claviers, un pédalier de type français à touches courtes et est accordé selon le tempérament de Joseph Sauveur (1701).