Origine et histoire de l'Église Saint-Michel
L'église Saint-Michel, située dans le secteur sauvegardé de Dijon en Côte-d'Or, est une église du XVIe siècle réputée pour sa façade Renaissance, souvent considérée comme l'une des plus belles de France, et classée au titre des monuments historiques dès 1840. La première mention de l'édifice remonte à 889 ; implantée près des murs du castrum de Dijon, elle était probablement à l'origine une chapelle en bois. À l'initiative de l'abbé de Saint-Étienne Garnier de Mailly, une nouvelle église de 58,44 m de long sur 9,74 m de large fut édifiée et consacrée en 1020 par l'évêque de Langres Lambert de Bassigny ; Garnier y fut inhumé à sa mort en 1051. Un dessin de la fin du XVe siècle donne une idée de son aspect à cette époque. Le 17 juillet 1497, il fut décidé, par souscription des paroissiens, de construire une nouvelle église, élargie et allongée du côté du chœur, et les familles fortunées financèrent la construction de chapelles familiales. L'édifice résultant fut consacré le 29 juillet 1529 par Philibert de Beaujeu, évêque de Tonnerre ; après des hésitations dans la maçonnerie du chœur, l'architecte et la Fabrique optèrent pour un gothique flamboyant assez austère où la sculpture souligne principalement les piliers de la croisée. Le portail sud fut achevé en 1537 et le portail central en 1551 ; les tours de la façade occidentale furent terminées respectivement en 1659 et 1667, leurs ornements superposant les ordres dorique, ionique et corinthien selon une inspiration Renaissance. Le sommet des tours fut reconstruit à l'identique à la fin du XVIIe siècle, la sacristie fut bâtie au début du XVIIIe siècle puis agrandie au siècle suivant, et en 1763 le sanctuaire fut surélevé et lambrissé de boiseries d'inspiration « à la grecque » enveloppant aussi les piliers du transept. Entre janvier 1791 et février 1794, l'église conserva la « Sainte-Hostie », une hostie miraculeuse offerte en 1433 par le pape Eugène IV au duc de Bourgogne, qui fut brûlée publiquement par les révolutionnaires le 10 février 1794. Une modification du toit du portail en 1847 provoqua des infiltrations qui détériorèrent les sculptures ; celles-ci furent restaurées à la fin du XIXe siècle puis de nouveau dans les années 1970 et 1990. L'église fut la paroisse de sainte Élisabeth de la Trinité (1880-1906) : elle y fit sa première communion le 19 avril 1891, y pria régulièrement, entra au Carmel de Dijon en 1901 où elle mourut, et ses reliques sont conservées à Saint-Michel dans une châsse réalisée par Stefano Borin. Les dimensions de l'édifice sont les suivantes : longueur 57,3 mètres, largeur 18,3 mètres et hauteur sous voûte de la nef et du chœur 19,5 mètres. La façade principale illustre la coexistence du gothique et de la Renaissance, reflet du contexte artistique bourguignon du XVIe siècle et de l'influence italienne ; abside, chœur, nef et transept sont de tradition gothique, la nef ayant été élevée entre 1511 et 1525, tandis que les travaux de la façade, interrompus après 1570, reprirent vers 1650. La décoration architecturale des tours témoigne de l'influence Renaissance par la superposition des trois ordres. La riche décoration picturale de l'église comprend, selon la base Mérimée, des œuvres telles qu'un Martyre de saint Sébastien attribué à l'école napolitaine daté de 1640, des Annonciations de Philippe Quantin et de Nicolas Bertin ainsi que Le Christ chez Marthe et Marie de ce dernier, quatre toiles de François (Franz) Krause ou Krauss datées de 1737 provenant de la chartreuse de Dijon (L'Adoration des bergers, L'Adoration des Mages, La Fuite en Égypte et La Présentation au temple d'après Jean Jouvenet), Le Martyre de saint Jacques le Majeur de Matteo Nanini daté de 1727 — selon la tradition lié à des soins reçus à l'hôpital de Dijon —, le Festin d'Hérode de Gabriel Revel (1708) et Saint Pierre prêchant à Jérusalem de Vincent-Nicolas Raverat (1845). Les principales études consacrées à l'édifice incluent les travaux d'Étienne Metman (1914) et de Jean-Pierre Roze (2020).