Origine et histoire de l'Église Saint-Michel
L'église Saint-Michel de Lescure-d'Albigeois, située dans le département du Tarn, est classée au titre des monuments historiques depuis 1883. Construite en pierre, elle présente une nef bordée de bas-côtés, un sanctuaire voûté et un plafond de planches recouvrant la nef. Le mur qui conduit au chœur est percé de deux petites fenêtres, chacune encadrée par deux colonnes miniatures aux chapiteaux à feuille d'eau. Le portail d'entrée, en arc plein cintre, est richement orné de motifs végétaux et de têtes humaines et animales ; les chapiteaux des colonnes du portail illustrent notamment la tentation d'Adam et Ève, le sacrifice d'Abraham et la figure du mauvais riche. À l'intérieur, quatre colonnes portent le départ d'une coupole ; des trompes dans la croisée du transept témoignent de l'intention ou de l'existence d'une coupole enfermée dans le clocher. Les bas-côtés et le sanctuaire sont voûtés, tandis que la nef conserve un couvrement en planches. De nombreux chapiteaux sculptés décorent l'édifice, avec des scènes telles que le sacrifice d'Abraham, la crucifixion, la punition des luxurieux et des représentations d'enfer ; trente-cinq pierres tombales ont été retrouvées dispersées dans l'église.
L'origine précise de la fondation reste incertaine, mais l'histoire locale la relie aux liens de la cité avec le pouvoir pontifical : le castrum fut donné par Robert le Pieux au pape Sylvestre II puis offert par le pape Serge IV à Vedian de Lescure en 1011. Selon des études, l'abbaye Saint-Michel de Gaillac a édifié l'église au cours de la première moitié du XIIe siècle, vraisemblablement entre 1120 et 1150 ; initialement ferme, elle devint ensuite prieuré-cure dépendant de l'abbaye. L'édifice connut son apogée au XIIIe siècle avant de décliner parallèlement à l'abbaye-mère, puis d'être sécularisé en 1535 et d'être utilisé comme chapelle funéraire jusqu'à la Révolution de 1789.
La voûte de l'abside paraît avoir été réhabilitée à la fin de l'époque romane après un effondrement, hypothèse appuyée par le fort relief des modillons extérieurs et par les vestiges de nervures sur les colonnes intérieures. L'écroulement de la croisée et du clocher entraîna ensuite une reconstruction dont l'hétérogénéité des matériaux et l'aspect défensif — souligné par des jours rectangulaires — sont les traces. Victor Allègre a proposé de dater le clocher du XVIe siècle en raison d'une ressemblance avec la porte du village; une autre campagne de réhabilitation est signalée au XVIIe siècle. Le décor peint du chœur, daté de l'époque moderne en raison de ses rinceaux et motifs géométriques, a été réalisé après la destruction des nervures originelles ; ces décors ont été redécouverts au XIXe siècle et restaurés en 1994.
Aux XVIIIe et XIXe siècles, plusieurs réparations et campagnes de restauration concernèrent les murs, les couvertures et les structures : des travaux datés du XVIIIe siècle furent menés à la demande de l'archevêque d'Albi et une cloche fut installée en 1756. À la Révolution l'église fut mise en vente mais conservée par la municipalité ; un acte de 1801 décrit l'édifice avec ses murailles, son clocher, sa couverture et sa charpente, et l'édifice ne fut rouvert qu'en 1812 comme chapelle obituaire. Dès le milieu du XIXe siècle l'intérêt des antiquaires et des artistes, notamment Taylor et Nodier puis Charles‑Marie Bouton, contribua à faire connaître son état ; ces documents témoignent de fissures et d'une usure importante des pierres.
Après son classement en 1883, des restaurations importantes furent engagées : refonte des couvertures du clocher, de la nef et du transept et réfection du plancher du clocher en 1888, remise en état de l'escalier menant au clocher dix ans plus tard, puis nouvelles interventions sur charpente, couvertures et maçonnerie au début du XXe siècle (réparations en 1900, travaux en 1924 et réfection de la couverture de l'abside en 1939). Les baies du clocher furent enfin évidées entre la fin des années 1970 et le début des années 1980. Aujourd'hui désacralisée, l'église accueille des expositions et des concerts durant la période estivale.