Origine et histoire de l'Église Saint-Morand
L’Hôpital Saint-Morand occupe l’emplacement de l’ancien prieuré clunisien fondé autour de 1105 par les comtes de Ferrette, à l’origine une église dédiée à saint-Christophe. Le prieuré prit rapidement le nom de Morand, moine envoyé par Cluny, qui y dirigea la communauté et mourut en 1115 ; sa tombe devint un lieu de pèlerinage et fit du sanctuaire un centre de dévotion et de donations. Au fil des siècles, le culte de saint Morand attira confréries, indulgences et mécènes, parmi lesquels des seigneurs locaux et des dynasties comme les Habsbourg, et certaines reliques circulèrent jusqu’à Vienne. La vie du prieuré fut marquée par des tensions avec les pouvoirs laïcs et ecclésiastiques, des difficultés financières et des périodes de déclin spirituel, ainsi que par des épisodes de violence et de destruction lors des guerres. Les Jésuites reçurent les bâtiments en 1621 ; après des dommages et des reconstructions au XVIIe siècle, l’essentiel du corps principal fut reconstruit au milieu du XVIIIe siècle d’après les plans de Johann Caspar Bagnato, et se distingue par un beau portail. Le site a ensuite connu des changements de main et, à la Révolution, le prieuré fut saisi comme bien national et morcelé, l’église et le cimetière restant propriété communale. La Ville d’Altkirch acquit l’ensemble au début du XIXe siècle et y installa son hôpital, ouvert en 1829, auquel furent rapidement adjoints un orphelinat et un asile pour vieillards. Les bâtiments ont été restructurés et agrandis à plusieurs reprises : élévation du fronton sud remplacée par un étage en attique, nouveaux corps ajoutés en 1934 et 1981, et constructions ou transformations annexes (orphelinat, maison de retraite, services administratifs). Il ne subsiste aucun vestige architectural médiéval apparent ; l’ancienne chapelle conventuelle, au premier étage, conserve toutefois son caractère et ses vitraux sont modernes. Le prieuré est implanté sur la plus ancienne agglomération d’Altkirch, sur une terrasse au‑dessus de l’Ill qui met les bâtiments hors d’eau. Une partie de l’ancien prieuré a été inscrite au titre des monuments historiques en 1937 et les éléments survivants sont aujourd’hui intégrés au Centre Hospitalier Saint-Morand.
