Origine et histoire de l'Église Saint-Nazaire
L'église Saint-Nazaire, ancienne cathédrale de la Cité de Carcassonne et basilique mineure depuis 1898, présente une superposition de styles roman et gothique. La tradition rapporte l'existence d'une première cathédrale consacrée aux saints Nazaire et Celse dès le VIe siècle, mais le premier document sûr mentionnant l'église sous l'invocation de saint Nazaire date de 925, sous l'évêque Gimer. L'édifice actuel repose sur une construction engagée du XIe au XIVe siècle ; les pierres de l'abside et du chœur furent bénies par le pape Urbain II en 1096, mais l'église resta inachevée à cette époque. Les parties les plus anciennes datent du XIIe siècle : la nef romane à trois vaisseaux, voûtée en berceaux, ainsi que la crypte mise au jour en 1857 et quelques piliers orientaux de la nef qui subsistent de la première campagne. Les transepts furent sans doute achevés au début du XIIIe siècle, puis le chevet roman fut détruit et remplacé par un ensemble gothique entre 1269 et 1330. À partir de 1269, des autorisations royales et des mesures financières prises par les évêques et le chapitre permirent d'agrandir le chœur et le transept ; l'œuvre reçut aussi des dons pontificaux et des indulgences pour soutenir la construction. L'évêque Pierre de Roquefort (Pierre de Rochefort) fit édifier, entre 1301 et 1321, la coquille appelée Concham ou Testudinem, le rond-point qui termine le chœur, et plusieurs chapelles furent ajoutées aux faces orientales des deux transepts, séparées par des piliers isolés. Deux grandes roses ornent les extrémités des bras du transept et les voûtes ainsi que le décor sculpté et les vitraux constituent un ensemble représentatif du gothique rayonnant. Des statues d'apôtres adossées aux piles du chœur et de l'abside s'inspirent des modèles de la Sainte-Chapelle de Paris, et des peintures polychromes du chœur et de l'abside ont été retrouvées et publiées par Eugène Viollet-le-Duc. Les travaux de restauration menés par Viollet-le-Duc au XIXe siècle ont profondément modifié l'extérieur et refait le portail roman, tandis que l'intérieur conserve l'emboîtement des éléments romans et gothiques, notamment des vitraux des XIIIe et XIVe siècles. L'ensemble des verrières du sanctuaire et du transept comprend une verrière d'axe consacrée à l'Enfance et à la Passion du Christ, attribuée aux années 1280 et entourée de verrières de style Renaissance, ainsi que des verrières datées des environs de 1300-1310 consacrées aux vies de saint Pierre et saint Paul et à celles des patrons Nazaire et Celse. Les vitraux des deux premières chapelles de chaque bras développent des thèmes arborés : à gauche, un arbre de Jessé du XIVe siècle entouré de prophètes ; à droite, un Arbre de Vie attribué aux années 1310-1320, qui fut au XIXe siècle remplacé de façon erronée par une scène de la tentation d'Adam et Ève lors de la restauration d'Alfred Gérente. L'orgue, dont différentes parties datent des XVIIe et XVIIIe siècles, connaît une longue histoire de commandes et de restaurations : un orgue fut offert en 1637 par Vitalis de Lestang et construit par Crespin Verniole, un instrument fut commandé en 1679 à Jean de Joyeuse, agrandi entre 1772 et 1775 par Jean‑Pierre Cavaillé, restauré entre 1900 et 1904 par Michel Roger, classé au titre des objets monuments historiques en 1970, puis restauré de 1982 à 1985 par Bartolomeo Formentelli et réinauguré en 1985 par Michel Chapuis ; le pédalier est à la française et les transmissions sont mécaniques. Jusqu'à la Révolution, la cathédrale resta le principal centre religieux de Carcassonne et un chapitre de chanoines vivait à proximité avant que les bâtiments capitulaires ne soient démolis en 1792 ; l'édifice conserva toutefois une fonction paroissiale et perdit officiellement le statut de cathédrale au profit de Saint‑Michel au début du XIXe siècle. Des campagnes de restauration récentes ont porté sur la mise aux normes des installations électriques en 2018 et sur la toiture du chœur et du transept engagée à partir de juillet 2020. Classée au titre des monuments historiques dès 1840, la basilique conserve de nombreux objets référencés dans la base Palissy et abrite plusieurs monuments funéraires d'évêques inhumés en son sein, parmi lesquels Guillaume Radulphe, Pierre de Rochefort, Pierre Rodier, Christophe et Vitalis de Lestang, et Louis‑Joseph Adhémar de Monteil de Grignan.