Origine et histoire de l'Église Saint-Nazaire-et-Saint-Celse
L'église Saint-Nazaire-et-Saint-Celse, de style roman, se situe à Brissac dans l'Hérault, en Occitanie. Elle a été édifiée aux XIe et XIIe siècles. Un texte du cartulaire de Maguelone de 1073 mentionne un vieux moulin intégré "in stari claustri ecclesiae", attestant que l'espace monastique était alors achevé. Plusieurs indices — un arc de tracé lombard au portail, une baie cruciforme au mur triomphal et un chapiteau archaïsant comparable à ceux de la crypte de l'abbatiale Sainte‑Marie de Cruas — situent la construction dans la seconde moitié du XIe siècle. Ancien prieuré dépendant de l'abbaye d'Aniane, l'église, citée dès 1123, a été élevée par des moines bénédictins sur l'emplacement d'un temple consacré à une déesse des eaux. Deux colonnes en marbre d'origine antique ont été réemployées pour séparer les trois arcades du portail monumental. La paroisse apparaît sous les noms Sancti Nazari de centum fontibus dans un cartulaire de 1270 et Parochia Sancti Nazarei vel Sancti Nazari et Celsi de Brixiaco. Le clocher fut détruit par les protestants en 1562 et l'église fut saccagée par les Camisards en 1703. Classée au titre des monuments historiques depuis le 11 juin 1907, elle a fait l'objet d'une campagne de restauration entre 1937 et 1948.
L'édifice, couvert de tuiles rouges, est bâti en pierre de taille en grand appareil, avec des reprises ponctuelles en moellons. À l'ouest, une haute façade austère est soutenue à gauche par un puissant contrefort qui donne accès à la rue ; ce contrefort semble avoir été ajouté au XVe siècle à la suite d'une instabilité de la maçonnerie. La nef, voûtée en plein cintre, ne reçoit pas de contreforts suffisamment massifs pour contrebuter la poussée des arcs doubleaux. Le mur sud, le mieux conservé, présente des baies à double ressaut, tandis que le mur nord porte de nombreuses réfections et des ouvertures modernes créées lorsque l'église servait d'habitation. La façade montre des trous de boulin disposés régulièrement et trois zones de maçonnerie distinctes : un haut de façade en blocs plus foncés et des réfections en moellons sur la partie gauche.
L'accès se fait par un portail composé de trois baies cintrées dont la voussure externe présente des claveaux plus étroits à la base qu'au sommet, conférant à l'extrados un aspect légèrement brisé, comparable à Saint‑André‑de‑Buèges, Saint‑Jean‑de‑Buèges et Pégairolles‑de‑Buèges. La baie centrale, à triple voussure, est encadrée de chaque côté par une colonne et un pilier au chapiteau lisse ; la seconde voussure depuis l'intérieur forme un arc torique. Des colonnes à chapiteaux sculptés séparent la baie centrale des baies aveugles : le chapiteau de gauche représente un oiseau dans un décor végétal, celui de droite figure une fleur ou une feuille à cinq lobes entourée de motifs végétaux, et l'abaque porte un motif de tresse. Plus haut, la façade conserve des traces d'anciennes baies aujourd'hui murées et un grand oculus ajouté en 1930.
L'extérieur de l'abside est orné d'un feston d'arcatures groupées par quatre entre des lésènes plates, l'extrados des arcs supportant un cordon de dents d'engrenage surmonté d'une corniche élaborée à demi‑rond et cavet ; le même décor, sans les dents d'engrenage, se retrouve en haut des murs latéraux. À l'intérieur, l'église présente une nef unique en trois travées de même taille, avec un décrochement des volumes vers l'abside. L'éclairage provient d'ouvertures dans les murs gouttereaux de chaque travée et de la baie cruciforme du mur triomphal, soutenue par un arc à double rouleau. Un cordon biseauté au sommet des pilastres marque le départ du berceau de la nef, soutenu par des doubleaux, tandis que des arcs de décharge, partant d'impostes à mi‑hauteur, rythment l'ensemble. Le mur de l'abside, comme à Goudargues et à Saint‑Sylvestre des Brousses, est décoré d'arcs aveugles et de colonnettes ; chapiteaux et abaques sont piquetés de fines alvéoles rappelant des nids d'abeilles. La corniche à la naissance du cul‑de‑four porte un triple rang de damiers sculptés et la baie axiale de l'abside est mise en valeur par un arc polychrome alternant claveaux blancs et gris, comme l'arc central.