Origine et histoire de l'Église Saint-Nicaise
L’église Saint-Nicaise se situe dans les quartiers Saint-Marc, Croix-de-Pierre et Saint-Nicaise de Rouen. Fondée par saint Ouen en 640 comme chapelle hors les murs, elle abritait les reliques de saint Nicaise rapportées de Gasny. Sous Saint Louis, l’édifice est intégré à la ville et devient paroissial en 1388 ; le curé est alors nommé par l’abbé de Saint-Ouen. Un nouveau chœur est élevé entre 1538 et 1561 ; en 1560 l’église est pillée par des calvinistes. Réputée pour son orgue de tribune construit par Crépin Carlier en 1634, elle voit cet instrument restauré en 1927-1928 et inauguré le 24 octobre 1928 par Joseph Bonnet. À proximité se trouve le séminaire Saint-Nicaise.
Partiellement détruite par un incendie le 10 mars 1934, l’église fait l’objet d’un concours de reconstruction pour la nef et le clocher ; le projet retenu en 1935 est celui des architectes Pierre Chirol et Émile Gaillard. La nouvelle nef et le clocher, réalisés en béton armé mais inspirés de l’architecture gothique, s’intègrent au chœur et aux bas-côtés du XVIe siècle. Les travaux s’étendent de 1934 à 1937 et l’édifice est rendu au culte en 1940 ; les vitraux contemporains sont dus à Max Ingrand. L’ensemble est protégé au titre des monuments historiques, l’église faisant l’objet d’une inscription le 23 décembre 1981, puis d’un classement le 12 mai 2022, en reconnaissance à la fois des parties anciennes et de la réussite de la reconstruction de Chirol et Gaillard.
L’incendie de 1934 détruit l’ancien grand orgue, classé objet monument historique en 1908. Un nouvel instrument est construit en 1940 par Louis Eugène-Rochesson et achevé en 1957 par la maison Beuchet-Debierre ; il a été transféré à l’église du Saint-Esprit de Paris en 2022. Un orgue de chœur du même facteur a été transféré à la Halle aux Toiles. À la fin du XXe siècle, le béton armé de la reconstruction s’est fortement dégradé, des infiltrations ont fragilisé le collatéral sud et la nécessité d’étaiement entraîne la fermeture au public en 2006 ; l’église est ensuite fermée au culte et désaffectée depuis 2017.
Jusqu’en 2014, le Secours Catholique y distribuait des repas. Entre le 5 mai et le 6 juin 2016, des activistes du mouvement Nuit debout occupent l’édifice désaffecté pour le nettoyer, consolider des parties fragiles et demander une consultation des habitants sur son avenir ; ils sont expulsés le 6 juin. De cette mobilisation naît l’association La Boise de Saint-Nicaise, créée pour promouvoir l’édifice et réfléchir à sa reconversion.
La municipalité lance en 2019 un appel à projet et dévoile le 5 décembre 2019 le lauréat retenu, le projet Brasserie Ragnar porté par trois brasseurs de Normandie. Le projet prévoit la production et la consommation de bière sur place, la création d’un espace muséal et d’un restaurant de quarante couverts, la restauration des vitraux et des pierres nécessitant une intervention, sans modification de la structure ; l’un des porteurs décrit l’idée comme « une sorte de Palais Bénédictine à la rouennaise ».