Origine et histoire de l'Église Saint-Nicolas
L'église Saint‑Nicolas de Fossé est un édifice de plan rectangulaire prolongé par un chevet à trois pans ; la nef, maçonnée en moellons locaux, ne paraît pas antérieure à la fin du XVIe siècle. Lors de l'offensive des Ardennes, l'hiver 1944‑1945, une charge employée par l'armée américaine pour faire sauter un blockhaus détruit le chœur ; la reconstruction du chœur et de la sacristie a été entreprise à partir de 1954 par une entreprise locale, à l'identique. Après ces travaux, la Coopérative de reconstruction des églises dévastées du diocèse de Reims confia le réaménagement intérieur à trois jeunes artistes : Pierre Szekely, sa femme Vera Szekely et le peintre André Borderie, membres du groupe artistique Espace. Ils adoptèrent un langage abstrait et l'usage de couleurs pures disposées de façon asymétrique : dans la réalisation initiale, le mur nord de la nef était peint en vert, le mur sud en blanc, le plafond en gris et le sol en rouge, tandis que le mur de jonction avec le chœur était bleu clair et le chœur peint en jaune. Le mur d'entrée fut recouvert d'une peinture murale occupant toute la hauteur, signée Szekely et Borderie, qui illustre le thème de l'Alléluia par des aplats de vert, jaune, rouge et gris incisés dans l'enduit. Le mobilier aux formes épurées fut créé par les trois artistes et la plupart des neuf baies reçurent des verres soutenus par des fers découpés formant des sculptures métalliques peintes en noir, conçues par Szekely et réalisées par le ferronnier Petit ; dans le chœur, ces formes évoquent notamment les clous de la croix. Le tabernacle du mur sud du chœur est fermé par une grille en fer forgé composée d'un assemblage de clous, œuvre abstraite évoquant la crucifixion, conçue par Szekely et Borderie et exécutée par le même ferronnier. L'autel repose sur un socle de maçonnerie et porte une table en marbre blanc de Carrare, réemployée d'une pierre tombale du cimetière et décorée d'ornements gravés ; une inscription y rappelle Basile Joseph Raux. Certaines réalisations, comme un calvaire en céramique sur le mur sud de la nef, les fonts baptismaux et le chemin de croix illustré par des photographies d'Agnès Varda, furent retirées et détruites après des critiques émanant du clergé. La transformation intérieure suscita une vive polémique locale et au‑delà, qui aboutit notamment à l'intervention de la Congrégation des rites et à une demande officielle d'enlèvement de certaines images dans une lettre datée du 3 juillet 1957 ; la Coopérative fit procéder aux destructions demandées. Après 1957, les débats s'apaisèrent et les vitraux ainsi que la peinture murale attirèrent l'attention des spécialistes comme exemples du renouveau de l'art sacré des années 1950. Des travaux de peinture menés en 2009‑2010 ont modifié les choix colorés originels, uniformisant l'intérieur avec un rose pâle dans la nef et un jaune clair dans le chœur. De l'aménagement de 1954‑1955 subsistent la peinture murale de la façade, les sculptures métalliques des baies, l'autel, le tabernacle et sa grille forgée, ainsi que plusieurs éléments de mobilier tels que les bancs, le confessionnal et le bénitier. L'édifice, modeste en apparence extérieure avec sa couverture d'ardoise et son petit beffroi, est inscrit au titre des monuments historiques, et illustre la période de création architecturale et artistique qui transforma de nombreuses églises françaises dans l'après‑guerre.