Église Saint-Ouen de Rocques dans le Calvados

Patrimoine classé Patrimoine religieux Caquetoire Eglise gothique

Église Saint-Ouen de Rocques

  • L'Église
  • 14100 Rocques
Église Saint-Ouen de Rocques
Église Saint-Ouen de Rocques
Église Saint-Ouen de Rocques
Église Saint-Ouen de Rocques
Église Saint-Ouen de Rocques
Crédit photo : jazzz - Sous licence Creative Commons
Propriété de la commune

Période

XIIe siècle, XIIIe siècle

Patrimoine classé

Eglise : classement par arrêté du 11 avril 1946

Origine et histoire de l'Église Saint-Ouen

L'église Saint-Ouen de Rocques, située dans le Calvados à l'intersection des routes Lisieux–Fauguernon et Hermival‑les‑Vaux–Ouilly‑le‑Vicomte, est classée monument historique en 1946. Elle se dresse au centre d'un ancien cimetière, marqué par les bras d'une vieille croix de pierre. Une tour massive et carrée du XIIIe siècle, coiffée d'un petit clocher ardoisé du XVIe siècle, constitue l'avant‑corps de la nef. L'édifice a été partiellement endommagé lors de la Libération entre le 22 et le 24 août 1944 (vitraux, porches et contrefort droit du transept) et restauré en 1948‑49 par les services de la reconstruction et des Beaux‑Arts. Deux porches en bois juxtaposés, qui précèdent la porte principale, forment la partie la plus originale de l'édifice. Le premier, le moins orné, semble empiéter sur le cimetière et présente des poutres tronquées laissant penser qu'il a été réduit. Le second, adossé au portail, comporte des poutres sculptées de torsades et porte, sur deux pieds droits, un écusson aux armes du cardinal Le Veneur, ce qui situe sa construction durant son épiscopat (1505‑1539). Au milieu du galbe figure une grosse salamandre, emblème de François Ier, confirmant l'époque de construction. Le pavage du chœur, composé de briques rouges à six côtés, et les torchères attirent également l'attention des connaisseurs.

L'église adopte un plan en croix latine avec un chœur, une nef très courte et deux chapelles formant le transept aux bras sensiblement égaux. Les murs du chœur et le mur nord de la nef datent, comme la tour, du XIIIe siècle. Le retable du chœur, placé en 1854, remplace un autel du XVIIIe siècle élevé par la Confrérie de la Charité; le grand tableau de l'Assomption qui le surmontait se trouve aujourd'hui au fond de la nef. Les autels du transept, dédiés à la Très Sainte Vierge et à saint Roch, datent du XVIIIe siècle ; la statue blanche de la Vierge a été offerte en 1863, et l'autel peint en chêne ainsi que la statue de Notre‑Dame de la Salette ont été donnés en 1867. Plusieurs statues en bois figurent dans le sanctuaire : saint Pierre et saint Ouen à droite du maître‑autel, la Vierge à gauche et saint Jean à droite à l'entrée du chœur. L'ameublement du sanctuaire et la table de communion sont l'œuvre d'un artisan de Lisieux, constructeur de l'Oratoire. Sous le clocher, une table de pierre est scellée dans le mur et porte le texte d'une fondation pieuse faite en 1664 par le curé Marin Polliniez. Les deux grandes baies flamboyantes des croisillons sont de style ogival, les fenêtres de la nef datent de la Renaissance (XVIe siècle) et celles du chœur sont modernes. La grande porte conserve un mode original de fermeture : une poutre pivotante qui vient s'encastrer dans les murs.

Les vitraux contemporains sont l'œuvre de N. Gaudin, peintre‑verrier parisien, et ont été bénits le 22 mai 1949 par Mgr Fallaize. Les grandes verrières représentent, côté chaire, la Crèche avec étoile miraculeuse et offrandes des bergers et des Mages, et, côté confessionnal, les saints patrons de l'église et de la Charité illustrés par des attributs évoquant leur vie : saint Ouen, saint Roch et saint Barthélemy. Les petits vitraux figurent les symboles des sacrements : le baptême par une coquille Saint‑Jacques et de l'eau, l'onction des malades par la plante du baume, la confirmation par une colombe, l'eucharistie par des épis de blé et une grappe de raisin, l'ordre par un calice et une étole, le mariage par deux anneaux entrelacés et la pénitence par deux clefs croisées ; un dernier vitrail commémore les douze enfants de Rocques morts pour la France.

Le clocher avait initialement de la place pour deux cloches, mais il n'en contenait longtemps qu'une, fêlée, fondue à Lisieux par La Villette en 1767 et bénite sous le nom de Saint Ouen. En 1946, quatre nouvelles cloches furent installées ; la plus grosse, baptisée Marie‑Denise (215 kg, do), fut baptisée le 26 mai 1946 par Mgr Picaud et porte une inscription rappelant sa vocation liturgique, et les trois autres s'appellent Philippe‑Antoinette (125 kg, fa), Cécile‑Maud (89 kg, sol) et Marie‑Thérèse‑Marie‑Madeleine (67 kg, la). Depuis 1963 la grosse cloche est électrifiée pour le vol, la deuxième et la quatrième sont électrifiées pour le tintement, et le glas ainsi que l'angélus sont automatiques ; cette électrification et l'illumination du porche et de l'église, réalisée en 1976, sont dues au maire de Rocques, M. Guy‑René Michel.

La Confrérie de la Charité de Rocques, fondée en 1503 sous les patronages de saint Barthélemy, saint Ouen et saint Roch, était riche et possédait notamment 18 jetons d'assistance en argent, une paix en argent massif et douze torchères en bois sculpté datant de la fin du règne de Louis XIII. Le tableau de l'Assomption fut payé par la confrérie en 1639, restauré en 1943, et les archives paroissiales conservent un matrologe enluminé, fermé à clef, contenant les noms des frères servants de la confrérie de 1616 à 1758.

Le calvaire se situe à 300 mètres de l'église, à un petit carrefour sur la route de Faugueron ; il fut érigé vers 1871 et restauré à plusieurs reprises, notamment en 1922, en 1950 avec un escalier en ciment armé, puis à nouveau en 1955. L'oratoire de Notre‑Dame de Grâce, construit de février à mai 1942 par l'artisan H. André sur un terrain offert par les familles Donon et Flichy à 500 mètres de l'église en direction d'Ouilly‑le‑Vicomte, a été élevé à l'initiative de l'abbé Houssaye. Copie du petit porche de l'église, l'oratoire présente six ogives, une salamandre, deux poutres cannelées symbolisant la Foi avec la Croix et la barque de l'Église ; sa statue, copie de celle d'Honfleur, est de M. Piquot et ses ogives ont été garnies de vitraux en verre antique par X. Sagot de Bayeux. Les écussons affichent les armoiries de Pie XII, de Mgr Picaud, du Carmel de Lisieux et de saint Ouen ; l'oratoire fut solennellement béni par Mgr Fallaize le 26 mai 1942 et l'autel en chêne sculpté consacré le 23 mai 1943, et il est apprécié des habitants de Lisieux lors de leurs promenades.

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