Origine et histoire de l'Église Saint-Patern
L'église Saint‑Patern est une église catholique de Louvigné‑de‑Bais, en Ille‑et‑Vilaine, dédiée à saint Patern. L'édifice actuel remplace une ancienne église romane du XIIe siècle dont subsiste une chapelle seigneuriale bordant le chœur au nord, fortement remaniée à l'époque gothique. La reconstruction, entreprise par Richard Babin en 1536, a donné une église en forme de croix latine, comprenant la nef actuelle, les quatrièmes chapelles nord et sud formant le transept, et un chœur à chevet plat ; elle a été consacrée le 14 février 1548. En 1563 Jean Coury et Jean Perdriel ont fait édifier un collatéral nord de trois chapelles ; son pendant sud a été reconstruit en 1759‑1760 pour rétablir la symétrie, remplaçant la chapelle Saint‑Nicolas et un chapitrêt. La lourde tour carrée qui précède l'église date de 1760 et le clocher, réalisé par l'architecte rennais Antoine Le Forestier, est couronné d'un dôme et d'une flèche. L'église a été inscrite au titre des monuments historiques en 1926 et classée en 1984.
Saint‑Patern est un édifice de style gothique flamboyant des XVIe et XVIIIe siècles, caractéristique des églises paroissiales de Haute‑Bretagne à pignons multiples. La nef, aveugle, est encadrée de deux collatéraux composés chacun de trois chapelles ; dans l'axe, deux chapelles jouent le rôle de transept avant le chœur plat. Au sud, la sacristie flanque le chevet ; au nord, l'ancienne chapelle seigneuriale d'origine romane sert aujourd'hui de sacristie annexe. La façade nord, achevée en 1563, compte quatre pignons séparés par des contreforts et présente une première chapelle percée d'une porte de style Renaissance, tandis que la façade sud, édifiée entre 1758 et 1761, est plus sobre et porte un cadran solaire de 1770. Un petit campanile octogonal à lanternon coiffe le sanctuaire et le clocher reflète l'« architecture neutre » du XVIIIe siècle par ses formes extérieures simples.
L'édifice est entièrement voûté en bois ; la longueur intérieure hors tour est de 30,80 m, la nef mesure 16,40 m de long sur 7,30 m de large, et l'ensemble nef et bas‑côtés atteint 16,90 m de largeur ; le chœur mesure 9,20 m sur 5,80 m. La nef principale, aveugle, est rythmée par trois arcades de chaque côté, sommées de sablières portant un douvis ogival maintenu par quatre poutres transversales, tandis que les collatéraux sont voûtés d'ogives. La croisée du transept s'orne, aux angles, de quatre blochets sculptés d'anges et l'éclairage provient principalement des vitraux des collatéraux, des transepts et du chœur, qui sont munis de meneaux et de remplages.
L'église possède cinq verrières des XVe et XVIe siècles, œuvres classées, complétées par des vitraux du XIXe siècle signés Gilles de La Croix‑Vallée, Pierre Symon et le duo Lecomte et Colin de Rennes. La maîtresse‑vitre, une Crucifixion due à Lecomte et Colin et installée en 1886, a remplacé la Transfiguration, désormais reportée dans le collatéral sud ; cette Crucifixion est classée depuis le 29 août 1984. Dans le collatéral nord se trouvent la verrière de la Vie de la Vierge, datée de la fin du XVe siècle et composée de neuf scènes encadrées de dais flamboyants, ainsi que la Descente aux limbes de 1567, exécutée par Guyon Collin pour Louise de Goulaine, et la verrière de la Vie de saint Jean‑Baptiste, donnée en 1578 par Michel Le Sénéchal ; ces vitraux ont été classés le 11 mai 1907. Le collatéral sud abrite la verrière de la Vie de saint Joseph (1904), la Transfiguration offerte en 1544 par Louise de Goulaine et Guy III d'Espinay et attribuée à Gilles de La Croix‑Vallée et Guyon Collin, ainsi que la Résurrection de 1542 par les mêmes artistes ; ces trois verrières anciennes sont également classées le 11 mai 1907. De part et d'autre de la tour figurent deux vitraux de Lecomte et Colin datés de 1888 — l'Apparition du Christ à saint François d'Assise au nord et la Rencontre du Christ et de la Samaritaine au sud —, classés le 29 août 1984.
Le mobilier est riche et en grande partie protégé : le maître‑autel associe un tombeau de marbre noir orné de l'agneau immolé, vraisemblablement du début du XIXe siècle, et un retable de bois doré à trois miroirs de la fin du XVIIe siècle ; le retable et le tabernacle sont classés depuis le 18 décembre 1946, le tabernacle étant du XIXe siècle. Dans les transepts, l'autel et retable nord (1653) présentent un tableau de la dation du rosaire à saint Dominique et masquent partiellement un retable gothique flamboyant, tandis que l'autel et retable sud (1671) offrent un tableau de l'Éducation de la Vierge et sont surmontés d'une Vierge de Pitié en terre cuite réalisée en 1785 par Pierre Taveau ; ces ensembles sont classés depuis le 11 mai 1907. Les fonts baptismaux, exécutés en 1782 par le marbrier Étienne Duval et le ferronnier Noyer, sont classés depuis le 23 décembre 1943.
L'orgue, construit par Jean‑Baptiste Claus en 1880 pour le Théâtre de Rennes et restauré en 1981 par la manufacture Yves Sévère du Mans, comporte deux claviers manuels de 56 notes, un pédalier de 27 notes, huit registres pour sept jeux réels et une transmission mécanique.