Origine et histoire de l'Église Saint-Patrice
L'église Saint-Patrice est une église catholique située à Bayeux, dans le Calvados, à l'angle de la rue Montfiquet et de la rue d'Éterville. Classée au titre des monuments historiques en 1923, elle dépend de la paroisse Notre‑Dame du Bessin. L'existence d'un lieu de culte sur ce site remonte à une première fondation au Ve siècle, puis à une église romane attestée au XIIe siècle ; le mur nord du chœur marque l'emplacement du bâtiment primitif. Appréciée pour la qualité de son acoustique, sa nef est prisée des mélomanes et des chefs de chœur.
La construction et les transformations se déroulent sur plusieurs siècles : la chapelle de la Sainte‑Vierge (transept sud) accueillit la confrérie de l'Immaculée Conception en 1469, dont les statuts furent confirmés au XVIe siècle par le pape Alexandre VII. Vers la fin du XVe siècle, l'édifice fut réparé après des dégâts causés lors de la guerre de Cent Ans ; à cette époque il mesurait environ 40 mètres de long sur 9 mètres de hauteur. La tour du clocher, de style Renaissance, a vu sa première pierre posée en 1548 et le clocher lui‑même est daté du milieu du XVIe siècle selon des mentions gravées et des écrits.
Aux XVIIIe et XIXe siècles l'église connut d'importantes modifications : exhaussement du sol de la nef en 1745, transformations et reconstruction de la nef et du chœur en 1746‑1747, puis réouverture après la Révolution en 1802. Au XIXe siècle furent encore posés le banc d'œuvre (1817), les vitraux du chœur et quatre statues en 1855, une horloge en 1857, puis une reprise importante des travaux en 1863 lorsque trois cinquièmes de l'édifice furent reconstruits dans un style Louis‑Philippe et l'église allongée de 13 mètres. Le calvaire de granit fut élevé en 1874 et, en 1890, l'atelier Duhamel‑Marette réalisa des séries de vitraux consacrées aux sacrements et à la vie de saint Patrice.
Le clocher, seul élément classé de l'édifice, s'élève hors‑œuvre sur le flanc sud et présente six niveaux mêlant ordonnances classiques et lanternes superposées ; une tourelle d'escalier octogonale donne accès aux étages supérieurs. Le rez‑de‑chaussée de la tour, distinct de la nef, servait de baptistère et conserve une fontaine en marbre du XVIIe siècle ainsi qu'un écusson armorié portant les armes du bourgeois Samson ; une pierre porte l'inscription de l'année 1544. La nef, reconstruite en 1863 par les architectes Martial Pelfresne et Alphonse Delaunay, s'harmonise avec le style du clocher.
Le transept abrite la chapelle de la Sainte‑Vierge où la confrérie fut érigée en 1469 et une statue moderne rappelle la tradition locale associant saint Patrice à Bayeux. Le chœur, d'origine XVIIe siècle et remanié au XIXe siècle avec des stucs de 1855, conserve du mobilier provenant en grande partie de l'ancien couvent de la Charité, des plaques de marbre, des statues du XVIIIe siècle et un baldaquin commandé en 1832.
L'église possède deux instruments : un grand orgue de tribune installé sur une tribune de 1892 et inauguré en 1904, réalisé par la maison Cavaillé‑Coll sous la direction de Charles Mutin à partir d'éléments d'un orgue antérieur de Joseph Merklin, et un orgue de chœur constitué d'un harmonium d'accompagnement. Les vitraux de la nef nord illustrent la diffusion de la grâce par les sacrements en dix tableaux ; les quatre baies du sud racontent la vie et la glorification de saint Patrice, et la baie de la façade ouest représente le Christ prêchant en Judée.
Le clocher renferme encore trois anciennes cloches en bronze, mais la sonnerie a été modernisée par un système électronique et les mécanismes anciens ne sont plus utilisables ; l'une des cloches porte une inscription commémorant 1947. Parmi les personnalités liées à la paroisse, l'abbé Réginald Outhier fut inhumé en 1774 dans la chapelle de l'Immaculée Conception et les sépultures anciennes sont devenues invisibles à la suite des destructions et reconstructions après la Révolution. Antoine Pilon, natif de Bayeux et baptisé à Saint‑Patrice en 1664, est commémoré par une plaque apposée sur le mur d'enceinte en 1994 par l'association des Pilon d'Amérique.
