Origine et histoire de l'Église Saint-Paul
L'église réformée Saint-Paul se dresse sur l'îlot Sainte-Hélène, à la pointe sud, au confluent de l'Ill et de l'Aar, à l'intersection des quais Zorn et Mullenheim dans la Neustadt de Strasbourg. Confiée à l'architecte Louis Müller, sa construction s'est déroulée entre 1892 et 1897 dans le cadre de l'aménagement de la Neustadt. Conçue pour la garnison allemande protestante du Deuxième Reich, elle est aujourd'hui le siège de la deuxième paroisse réformée de Strasbourg. Classée au titre des monuments historiques depuis le 4 mai 1998, elle s'inscrit dans l'axe impérial formé par l'avenue de la Liberté. De style néo-gothique, le temple affiche deux flèches jumelles effilées culminant à 76 mètres et un volume qui évoque une cathédrale gothique. Pouvant accueillir près de 3 000 fidèles, l'édifice s'apparente à une église-halle à plan central en croix grecque avec une nef volontairement raccourcie pour répondre aux exigences du culte protestant. Des tribunes au-dessus des nefs collatérales et des croisillons doublent les places et assurent l'audibilité d'environ 2 000 fidèles. De part et d'autre du chœur se trouvent deux loges, l'une ayant été destinée au couple impérial, l'autre au représentant de l'Empire. La nef, le transept et le chœur sont couverts de voûtes sur croisées d'ogives et ornés de peintures : anges dans le chœur, le Tétramorphe à la croisée du transept et, dans le narthex, les bustes des réformateurs Luther, Calvin, Zwingli et Melanchthon. Louis Müller a également conçu l'équipement intérieur ; le retable d'autel, peu apprécié par les réformés, fut échangé avec la paroisse luthérienne de Sarreguemines contre une grande croix en bois. Les vitrages des parties orientales furent soufflés par les bombardements de 1944, à l'exception du croisillon sud où subsistent des écus armoriés de l'Empire et des États fédérés. Cinq vitraux figuratifs du chœur, œuvres du frère Éric de Saussure, représentent le Christ en gloire, la Genèse et l'Ancien Testament, l'Église et l'Apocalypse. Le grand orgue de tribune, réalisé en 1897 par Eberhard Friedrich Walcker d'après les plans d'Ernest Münch et Wilhelm Sering, possède un vaste buffet néo-gothique. Modifié à plusieurs reprises (1899, 1907, 1912) et agrandi en 1933-1934 par Beuchet, l'orgue a vu ses tuyaux de façade réquisitionnés en 1917 et recevoir une façade provisoire en zinc en 1918. Des travaux successifs, un incendie du moteur en 1931 et des interventions postérieures ont affecté l'homogénéité sonore de l'instrument ; en 1957 Alfred Kern posa une nouvelle console en rendant muets vingt-et-un jeux. Un projet de restauration visant à retrouver l'état de 1934 fut lancé en 1983 et les travaux confiés à la maison Walcker débutèrent en 1993 ; la partie instrumentale est classée monument historique depuis le 14 avril 1987 et le buffet est inscrit depuis 1995. Un orgue de transept, plus modeste, a été installé en 1976 par Marc Garnier dans l'ancienne loge impériale ; de style nordique et inspiré du XVIIe siècle, il est un orgue mésotonique moderne, adapté à l'accompagnement du chant, et dispose de manettes modifiant certains demi-tons. La chapelle arrière détruite en 1944 a été reconstruite dans un style contemporain des années 1950-1960, et les flèches et la façade ont fait l'objet d'une restauration intégrale entre 2009 et 2014, le parvis étant réaménagé en 2014.
