Origine et histoire de l'Église Saint-Philbert
L’église Saint-Philibert, désaffectée, se situe à Dijon rue Michelet, près de la cathédrale Saint-Bénigne. Construite au XIIe siècle, elle constitue le seul édifice religieux roman de la ville, le porche, les chapelles nord et le clocher de pierre étant de style gothique. La façade ouest présente un porche dont la travée centrale fut élevée entre 1508 et 1511, les travées latérales datant du XVIIIe siècle; au-dessus s’ouvre une rose. Sous le porche, le portail est encadré par huit colonnes à chapiteaux et par un tympan dont le trumeau a été refait en 1974. Contre le mur nord, sur la rue Michelet, sont adossées deux chapelles du XVIIIe siècle et une sacristie. Le mur sud, donnant sur la rue Danton, comporte un porche latéral à trois voussures richement sculptées et un tympan autrefois peint représentant le Christ en croix, la Vierge, saint Jean, saint Bénigne et un saint non identifié. Une partie du mur nord, reconstruite en 1825, ferme les ouvertures des absidioles et de l’abside aujourd’hui disparues. À la croisée s’élève une tour octogonale bâtie en 1510, surmontée d’une balustrade et d’une flèche de pierre aux arêtes ornées de crochets.
À l’intérieur, la nef centrale de cinq travées communique par des arcades en arc brisé avec les collatéraux voûtés d’arêtes; elle est couverte de voûtes d’arêtes et d’arcs doubleaux qui retombent sur des chapiteaux sculptés de feuilles lisses ou stylisées, posés sur des pilastres cruciformes marquant la séparation des travées. Des fenêtres hautes, situées au-dessus des pilastres, éclairent la nef. La croisée du transept est coiffée d’une coupole octogonale sur trompes. Un mur ferme la grande arcade qui ouvrait autrefois sur l’abside jusqu’en 1825.
Le site occupe l’emplacement d’un cimetière installé à l’ouest du castrum de Dijon; l’hypothèse d’une basilique chrétienne primitive dédiée à sainte Paschasie n’est plus retenue. Un document de 1103 mentionne déjà une église dédiée à saint Philibert en ce lieu et l’église romane actuelle serait postérieure au grand incendie de 1137. Au Moyen Âge, l’investiture du maire et des échevins se déroulait dans le cimetière de Saint-Bénigne, devant le porche de Saint-Philibert; les assemblées communales s’y tenaient et en 1187 la ville y reçut la charte de commune concédée par le duc Hugues III. L’édifice était également la paroisse des vignerons installés dans le quartier.
Sous la Révolution l’église fut désaffectée; en 1795 elle servit d’écurie pour les chevaux de la garnison et de dépôt de matériel militaire, et sa destruction fut envisagée. Rendue en nue-propriété à la commune en 1818 puis remise au service du Génie en 1819, elle perdit son abside et ses deux absidioles en 1825 pour permettre l’élargissement de la rue des Vieilles-Étuves, emplacement aujourd’hui signalé par des pavés. Après avoir servi d’écurie, elle devint dépôt de vivres pour l’armée dans la seconde moitié du XIXe siècle. Inscrite sur la liste des monuments historiques en 1862, elle fut classée monument historique le 20 août 1913.
En 1920 l’armée restitua l’édifice à la ville, qui l’affecta en 1921 à un musée archéologique et entreprit sa restauration; en 1942 un centre de messagerie routière y fut installé. Dans les années 1950 et 1960, l’église accueillit expositions et concerts. D’importants travaux effectués en 1974-1975 pour en faire un lieu d’exposition, notamment la mise en place d’une dalle de béton chauffante, provoquèrent la remontée d’humidité salée et l’éclatement de la pierre; la dégradation entraîna la fermeture en 1979 et de longs chantiers comprenant l’étaiement de parties du monument et la destruction de la dalle de béton. L’église fut rouverte lors des journées du patrimoine de 2002, redevint lieu d’exposition accessible occasionnellement en 2011, puis ferma de nouveau.
Parmi les éléments lapidaires figurent plusieurs médaillons inscrits RESPICE FINEM (1563), DILEXI DOMINE DECOREM DOMUS TUAE (première partie du verset 8 du psaume 26) et AU BIENFACTEUR DIEU Y POURVOY (1648), ainsi qu’un portail roman donnant sur la rue Danton.