Origine et histoire de l'Église Saint-Pierre
L'abbatiale Saint-Pierre de Corbie, située au cœur de la ville de Corbie dans la Somme, est un édifice religieux de style gothique protégé au titre des monuments historiques par arrêté du 7 juin 1919. Église principale de l'ancienne abbaye royale fondée au VIIe siècle par la reine Bathilde, elle ne donne aujourd'hui qu'une image partielle de sa splendeur passée. L'édifice primitif, dédié aux apôtres Pierre et Paul, fut successivement détruit par des incendies et reconstruit à plusieurs reprises au cours du haut Moyen Âge et du bas Moyen Âge, avec notamment une chapelle de Soyécourt financée par la famille du même nom. La reconstruction commencée au début du XVIe siècle sous l'abbatiat de Pierre d'Ostrel vit l'achèvement du chœur, du transept et de la tour-lanterne avec sa flèche, mais les travaux furent interrompus puis repris aux XVIIe et XVIIIe siècles, la nef étant finalement élevée dans un style gothique flamboyant. À son apogée l'abbatiale comportait un chœur, un transept surmonté d'une tour-lanterne élevée et une façade occidentale flanquée de deux tours jumelles ; ses voûtes atteignaient alors une grande hauteur et la longueur totale excédait cent mètres. L'intérieur fut richement meublé : stalles et trône abbatial de Charles Cressent, grandes orgues de Charles Dallery et un baldaquin en ferronnerie de Jean Veyren figurent parmi les éléments cités.
La Révolution française mit fin aux institutions monastiques et l'abbaye de Corbie fut supprimée ; l'abbatiale fut alors affectée au culte paroissial, fermée pendant la Terreur puis progressivement laissée à l'abandon et victime de ventes de matériaux, de démolitions partielles et d'effondrements. Divers projets de restauration ou de reconstruction furent étudiés par plusieurs architectes, mais le coût entraîna des refus et des compromis ; en 1816 la nef fut fermée par un mur et le transept et le chœur furent en grande partie démolis, donnant à l'église la physionomie réduite que l'on connaît. La tour sud conserve plusieurs cloches, dont des exemplaires refondus et des ensembles réalisés en 1925 par G. et L. Bollée exposés aux Arts décoratifs de Paris.
L'abbatiale fut gravement endommagée pendant la Première Guerre mondiale lors des bombardements de 1918 ; elle fut reconstruite dans l'entre-deux-guerres et demeure depuis protégée comme monument historique. Elle abrite de nombreuses reliques — parmi lesquelles figurent Adalard de Corbie, Colette de Corbie, Firmin d'Amiens, Paschase Radbert et des reliques attribuées à l'apôtre Pierre — ainsi qu'un mobilier et des œuvres d'art partiellement classés ou inscrits au titre des monuments historiques, incluant des peintures (La Nativité, La Sainte Face), des sculptures anciennes et modernes, deux fonts baptismaux protégés et des stalles du XVIIIe siècle. Une maquette réalisée en 1951 restitue l'ampleur de l'abbatiale avant sa mutilation. Aujourd'hui, l'abbatiale Saint-Pierre est le cœur de la paroisse Sainte-Colette-des-Trois-Vallées et reste un lieu de culte et de rassemblement ouvert à tous.