Origine et histoire de l'Église Saint-Pierre-aux-Liens
L'église Saint-Pierre-aux-Liens se situe à Varenne-l'Arconce, en Saône-et-Loire, dans le Brionnais, en Bourgogne-Franche-Comté. De style roman, elle remonte au début du XIIe siècle et aurait été construite vers 1120 sur l'emplacement d'une église antérieure. À l'origine elle dépendait d'un ensemble monastique rattaché à l'Abbaye aux Dames de Marcigny, fondée pour la noblesse par Hugues de Semur. L'édifice figure parmi les neuf églises romanes majeures du Brionnais, qui en recense une trentaine au total, et il est répertorié dans le réseau de la Fédération européenne des sites clunisiens. Il a été classé au titre des monuments historiques en 1889. Au moment du Concordat, en 1801, l'église fut décrite comme "belle, vaste et en bon état".
Des travaux de consolidation et d'aménagement ont eu lieu au XIXe siècle : le clocher fut consolidé en 1837, l'autel majeur ajouté en 1828 et deux autels annexes furent probablement installés à la même époque. Un nouveau programme de consolidation voté par le conseil municipal en 1874 s'est achevé en 1876. En 1880 l'architecte Paul Selmersheim proposa une vaste campagne de rénovation et d'embellissement visant notamment la démolition et la reconstruction des éperons du bas-côté, du chœur et du transept, la reprise des soubassements, l'abaissement des combles, la réparation des couvertures et des appuis de fenêtres, ainsi que la restauration du clocher avec la création d'un nouvel étage. Le projet, illustré en salle du conseil municipal, reçut des financements prolongés en 1884, mais l'élévation du troisième étage du clocher ne fut finalement pas réalisée ; les fonds destinés à cet ouvrage furent employés à construire un escalier en colimaçon desservant le clocher.
D'autres travaux de couverture eurent lieu en 1966 puis en 1972. En 1995 fut créée l'Association pour la sauvegarde de l'église de Varenne-l'Arconce (ASEVA) afin d'aider la commune dans la conservation et la restauration du monument. De grands travaux d'assainissement, de rejointoiement et de rénovation des toits menés en 1996 ont fixé la configuration extérieure actuelle de l'église et permis la découverte, lors de sondages extérieurs, de fondations de l'église primitive au sud ainsi que de tombes médiévales entourant l'édifice.
Au XXIe siècle, la cloche datée de 1533 et dédiée à sainte Barbara fut restaurée en 2013, puis inscrite aux monuments historiques en 2019. Des opérations de conservation sur la statuaire en bois polychrome ont été réalisées en 2015 et la restauration complète du grand Christ roman a été menée en 2017. Un diagnostic établi en 2017 par l'architecte en chef des monuments historiques Frédéric Didier a conduit à un projet définitif présenté et accepté par la Direction régionale des affaires culturelles en septembre 2020. Ce projet prévoit trois tranches de travaux portant successivement sur le chœur, avec la mise au jour et la restauration des peintures murales médiévales, puis sur le transept et enfin sur les nefs ; la première tranche a été engagée en juin 2023. Les travaux se sont achevés en 2025 et l'église a été rouverte au public le 14 juin 2025. Le programme de restauration a été financé par la Direction des affaires culturelles de Bourgogne-Franche-Comté, la Région, le conseil départemental de Saône-et-Loire, la Fondation du patrimoine, la Mission Stéphane Bern et l'ASEVA.
La façade occidentale tripartite présente un avant-corps central en saillie et des travées latérales en retrait ; la travée centrale est organisée en trois registres. Le registre inférieur montre un portail cintré encadré de deux colonnes et muni d'une archivolte à plusieurs rouleaux dont l'extrados porte une frise en damier. Le registre médian est encadré de pilastres cannelés, divisé en trois par des colonnes engagées, et ouvre par une baie cintrée à double ébrasement tandis que les parties latérales sont ornées de bandes lombardes. Le registre supérieur est percé d'une petite baie cintrée surmontée d'un larmier ; les travées latérales, soutenues par de puissants contreforts, n'offrent d'ornement que deux baies cintrées chacune. Sur la façade méridionale, le portail sud se distingue par ses piédroits harpés, un fin linteau sculpté, un tympan figurant l'agneau pascal, une archivolte à cinq fleurons et un larmier. La croisée du transept porte un clocher roman carré dont chaque face présente deux baies cintrées simples à l'avant-dernier étage et, au dernier étage, deux paires de baies géminées séparées par des colonnettes doubles. À l'est, le chevet se compose d'une abside semi-circulaire rythmée par des contreforts puissants ; la travée de chœur et les bras du transept sont mis en valeur par des pignons surhaussés.
L'église conserve une statuaire en bois polychrome composée d'un grand Christ en crucifixion et de cinq statues de dimensions moindres. Le grand Christ, attribué à la fin du XIe ou au début du XIIe siècle, mesure 1,75 m de haut sur 1,62 m de large ; restauré en 2017, l'intervention a mis au jour cinq couches de repeints et a conduit à conserver le repeint du XVIIIe siècle pour les carnations tout en révélant la couche d'origine sur le périzonium, décorée de chevrons alternant rouge et bleu. La datation ancienne proposée par Nadia Bertoni a été confirmée par une datation au carbone 14 effectuée lors de la restauration ; le Christ a été classé au titre des Monuments historiques et est exposé au musée du Hiéron à Paray-le-Monial en attente de sa réinsertion après la restauration intérieure de l'église. Les cinq statues restantes datent du XVIe siècle : Saint Roch et Saint Cosme sont classés au titre des objets des Monuments historiques, Saint Antoine est inscrit à l'inventaire supplémentaire, tandis que les statues de Saint Denis et Saint Sébastien ne sont ni classées ni inscrites.