Origine et histoire de l'Église Saint-Pierre-aux-Liens
L'église Saint-Pierre-aux-Liens de Vaux-sur-Seine (Yvelines) est un édifice catholique paroissial, situé sur le chemin du Château, à flanc de coteau près de la rive droite de la Seine, à l'écart du village et au sud du château. Selon l'abbé Vital Jean Gautier, la paroisse aurait été fondée en 1154 ; du bâtiment primitif subsiste le portail occidental, de style roman. À partir de la fin du XIIe siècle, l'ancienne chapelle fut transformée en une église gothique dont le chantier commença par l'abside et se termina par la nef. L'édifice primitif présentait une triple nef rare en Île-de-France, avec nef et bas-côtés voûtés à la même hauteur, un transept peu débordant et un chevet profond à sept pans à l'intérieur et hémicycle à l'extérieur. Hors quelques modifications des voûtes, l'ensemble conserve une grande homogénéité stylistique et une décoration soignée attestant une exécution rapide du chantier. L'église subit d'importants dommages pendant la guerre de Cent Ans : le collatéral sud disparut et le clocher fut réparé de façon simplifiée. La nef et le bas-côté nord furent revoûtés vers le milieu du XVIe siècle ou peu après, les anciens supports ayant été endommagés et remplacés pour partie par des piliers engagés ; ces interventions s'accordent mal avec l'architecture d'origine. Plus tard, la pile nord‑est de la croisée du transept fut reprise en sous‑œuvre et remplacée par un massif de maçonnerie qui rompt l'harmonie des parties orientales. Restaurée en 1970, l'église conserve néanmoins suffisamment d'éléments authentiques, et son chevet demeure d'un grand intérêt pour la compréhension du XIIIe siècle. L'édifice est inscrit au titre des monuments historiques par arrêté du 19 juillet 1926 et dépend aujourd'hui de la paroisse de Meulan ; des messes dominicales anticipées ont lieu un samedi sur deux à 18 h 30. Orientée approximativement est‑ouest, l'église présente un plan cruciforme composé d'une nef de trois travées, de deux collatéraux dont le sud a été détruit, d'un transept et d'une abside profonde. Le clocher en bâtière s'élève au‑dessus de la croisée du transept ; une tourelle d'escalier flanque le croisillon nord et la sacristie occupe l'angle entre ce croisillon et l'abside. L'ensemble est voûté d'ogives ; les voûtes de la nef et du collatéral nord ont été refaites à la période flamboyante, ce qui se traduit par des formerets et des clés de voûte au profil renaissant et des écussons souvent non sculptés. La transformation des XVIe et XIXe siècles a laissé des traces visibles : arcades reconstituées à simple claveau, colonnettes inutilisées, chapiteaux mutilés et certains piliers engagés modernes rappellent des réparations à moindre coût. Malgré ces altérations, la nef conserve des éléments d'origine, notamment des faisceaux de colonnettes à chapiteaux, le premier pilier libre des grandes arcades avec son chapiteau de crochets et des dispositions de supports qui permettent de restituer l'organisation primitive. La croisée du transept présente des piles fasciculées cantonnées de nombreuses colonnettes ; la voûte et les ogives sont proches du style gothique rayonnant, ce qui laisse envisager une datation au début du XIVe siècle pour ces parties. La pile nord‑est, reprise à l'époque moderne par un soutènement, et la reprise partielle du clocher affectent cependant l'esthétique du carré du transept. L'abside figure parmi les parties les mieux conservées : son plan polygonal limité à une seule travée intérieure, l'ordonnancement soigné des colonnettes et la qualité des fenêtres en lancette en font un exemple notable dans le Vexin. À l'extérieur, la façade occidentale est bipartite ; la partie droite, liée à la nef, est appareillée régulièrement tandis que la partie gauche, correspondant au collatéral nord, est en moellons irréguliers ; le portail roman en plein cintre à triple archivolte est l'élément le plus remarquable. Le portail conserve des colonnettes monolithiques de réemploi et des chapiteaux du milieu du XIIe siècle sculptés de feuilles d'acanthe, d'une chimère et d'un griffon ; une fenêtre surmontant le portail reprend la même archivolte. Le clocher, trapu et d'appareil médiocre, ne comporte qu'un étage au‑dessus de sa base et apparaît d'une facture fruste et désaxée par rapport à la toiture commune ; les murs du transept et de l'abside montrent des contreforts à ressauts caractéristiques de la première période gothique. L'abside extérieure se distingue par une double archivolte torique accompagnée d'un rang de têtes de clous et de paires de colonnettes à chapiteaux ; la corniche est traitée en billettes et les contreforts sont fortement saillants. Le mobilier compte une Vierge à l'Enfant en bois polychrome de 99 cm, datable de la fin du XVIe siècle et classée monument historique au titre objet depuis juin 1977 ; cette statue, restaurée par Laurence Chicoineau, est revenue à l'église après un séjour en chapelle Sainte‑Rita. On trouve également deux statues du XVIIIe siècle, un bas‑relief représentant l'Adoration des Mages, deux tableaux religieux et une cloche de 1948 provisoirement déposée.
