Origine et histoire de l'Église Saint-Pierre-aux-Nonnains
L’ancienne abbaye Saint-Pierre, dite Saint-Pierre-aux-Nonnains, est un édifice de Metz dont l’ossature provient d’un bâtiment gallo-romain du IVe siècle, identifié comme palestre d’un ensemble thermal ou basilique civile. Converti en église abbatiale avant le VIIe siècle, il accueillait une communauté bénédictine de femmes dédiée à saint Pierre. Les murs conservent des chaînages de briques séparant des assises de pierres taillées, selon la technique de l’opus mixtum. La salle principale, à une seule nef, mesure extérieurement 36,8 × 20 m ; à l’est elle comporte une abside extérieurement polygonale et intérieurement semi-circulaire, large de 9,85 m et profonde de 5,1 m, et l’accès se fait à l’ouest par une porte monumentale. La nef a été remaniée vers l’an 1000 dans un style roman lié à l’époque ottonienne, et des voûtes gothiques y ont été élevées aux XVe et XVIe siècles. Un chancel en pierre, aujourd’hui conservé aux musées de Metz, sépare le chœur de la nef ; il est constitué de panneaux et de piliers en calcaire assemblés par tenons et mortaises et présente des décors réalisés en semi-méplat. Les motifs du chancel associent images paléochrétiennes et influences « barbares » : compositions végétales (arbre de vie, palmettes, rinceaux), décors géométriques et entrelacs animaliers principalement serpents, ainsi qu’une représentation du Christ tenant un disque dont l’interprétation varie entre bénédiction, symbole du pouvoir, Eucharistie ou fibule. Le site a subi d’importantes transformations militaires : lors du siège de Metz en 1552 une partie de l’ensemble fut rasée, puis à partir de 1556 il fut converti en entrepôt et caserne, usage qui perdura jusqu’au XXe siècle. L’église fut classée monument historique en 1909 et les vestiges du cloître en 1932 ; la municipalité accepta la cession de bâtiments par l’armée en 1946 et des travaux de restauration ont été engagés à partir des années 1970 pour adapter l’édifice à une salle de concerts et d’expositions. Les fouilles et études ont été menées par plusieurs équipes : E. Knitterscheid en 1897-1898, Ludwig Reusch en 1942-1944, puis des campagnes françaises par J.-J. Hatt, C. Heitz et R. Will dans les années 1959-1977 ; elles ont mis au jour l’édifice romain, des aménagements palatins et balnéaires ainsi que des phases médiévales et militaires. Des briques estampillées portant des inscriptions retrouvées dans les murs et datées par archéo-magnétisme autour de 370–400 permettent d’affirmer la datation gallo-romaine de la fondation. Les vestiges antérieurs montrent l’existence d’une villa, d’une palestre et de thermes sous l’église, et les données archéologiques et documentaires conduisent à envisager une fondation de l’abbaye au VIIe siècle, même si certains éléments architecturaux et stylistiques ont conduit d’autres chercheurs à proposer une datation au VIIIe siècle. La restauration a privilégié la conservation maximale des structures anciennes et la remise en valeur d’un équilibre entre les apports romains, ottoniens, gothiques et les traces militaires, tout en tenant compte des caractéristiques acoustiques révélées par des découvertes archéologiques. L’édifice, l’un des plus anciens lieux de culte conservés en France, a ainsi retrouvé une fonction culturelle au cœur de la ville.