Origine et histoire de l'Église Saint-Pierre-Brocas
L'église Saint-Pierre de Brocas, située sur la commune de Montaut dans les Landes, se dresse sur une colline du hameau de Brocas, route de Doazit, à 2,6 km au sud‑ouest du bourg ; le GRP de la Haute Chalosse passe à proximité et la fontaine Saint‑Pierre se trouve à environ 2 km à l'est. Classée au titre des monuments historiques par arrêté du 21 février 1934, elle se distingue par un portail monumental en arc de triomphe de style dit « gallo‑roman » disposé à l'entrée de la tour‑clocher. D'origine romane, le chœur est attribué au XIIe siècle ; l'édifice a été ensuite agrandi et remanié à plusieurs reprises. Au XIIIe siècle l'église est bâtie en pierre de Saint‑Aubin, avec une nef de deux travées prolongée par une abside semi‑circulaire voûtée en cul‑de‑four. Au XIVe siècle la famille de Brocas fait élever une tour fortifiée qui domine la région ; cette tour présente des murs épais, des meurtrières, un chemin de ronde avec merlons et créneaux, et une tourelle d'escalier polygonale au sud. À partir du XVe siècle la nef est voûtée d'ogives et sa porte principale est déplacée vers l'est, face à la deuxième travée. Vers 1500 un collatéral sud est ajouté, large comme la nef et prolongé par une abside gothique à cinq pans ; la sacristie est installée au XVIIe siècle. L'église est en partie saccagée pendant les guerres de religion, les auteurs évoquant notamment des dommages infligés par des troupes protestantes en 1569, puis restaurée au début du XVIIe siècle, période à laquelle est daté le portail monumental attribué à la Renaissance tardive et peut‑être l'œuvre d'un artiste influencé par l'antique. Ce portail, comme celui de l'église Sainte‑Catherine de Montaut, porte la tiare et les clefs pontificales qui rappellent la consécration au culte catholique. Le plan actuel présente deux vaisseaux sous une toiture unique, correspondant à la nef originelle au nord et au collatéral du XVIe siècle au sud ; la façade ouest comporte deux portails et le clocher‑porche, de plan carré, est flanqué d'une tourelle d'escalier semi‑octogonale. L'intérieur conserve un chœur nord en abside semi‑circulaire et un chœur sud en abside à trois pans ; des décors en stuc ornant les piles du collatéral sont datés par des chercheurs du début du XVIIe siècle et une date de 1619 est lisible sur un cartouche à l'entrée du vaisseau. Du mobilier roman subsiste un autel en calcaire, présumé du XIIe siècle, transféré au XVIIIe siècle dans l'abside du collatéral et enchâssé au XIXe siècle dans un coffre en bois, dégagé récemment. De l'époque gothique subsistent des fonts baptismaux et des fragments d'un retable flamboyant mis au jour en 1975. Les aménagements du XVIIe siècle comprennent une rare chaire en pierre et un maître‑autel monumental ; le maître‑autel actuel, de style rocaille tardif, et son retable datent principalement de la fin du XVIIIe siècle et comportent des remplois d'éléments plus anciens, dont un tableau représentant une Crucifixion. Les inventaires signalent de nombreux ornements, vases sacrés et livres liturgiques qui furent en grande partie saisis ou fondus à la Révolution, de sorte que l'église ne conserve plus la riche argenterie autrefois mentionnée. Les vitraux ont été fournis par le verrier bordelais Gustave‑Pierre Dagrand à différentes étapes de sa carrière : les verrières du vaisseau nord datent de 1875, celles de la sacristie de 1882, et d'autres baies sud ont été remaniées et complétées en 1889. Divers travaux de restauration sont documentés au XIXe et au XXe siècle : restauration de la toiture, du clocher et du porche en 1854, refonte d'une cloche en 1853, un coup de foudre endommageant le clocher en 1859, la fourniture d'une seconde cloche en 1905 puis d'une cloche supplémentaire en 1937, l'interdiction du culte en 1934 en raison du délabrement de la couverture, puis la restauration partielle du clocher en 1936. Longtemps siège paroissial et centre d'une confrérie, l'église de Brocas a vu le siège de la paroisse se transférer progressivement à Montaut ; Brocas conserve néanmoins sa valeur historique et architecturale, visible tant dans son volume fortifié que dans son portail monumental et son mobilier dispersé sur plusieurs siècles.
