Origine et histoire
Maison du XVIIIe siècle, élevée sur un rez-de-chaussée, trois étages et un comble, dressée en pierre de taille, devant la façade occidentale de l'abbaye Saint-Pierre, place de la Bridolle à Beaulieu-sur-Dordogne. Sur la façade, un propriétaire a, à la fin du XIXe siècle, incrusté une suite de fragments sculptés issus de maisons détruites de Beaulieu et des environs ; plusieurs de ces éléments remontent aux XVe et XVIe siècles. L'intérieur conserve une cheminée monumentale de la Renaissance dont le manteau, sculpté au XVIe siècle, présente dans la partie supérieure la tentation d'Adam et Ève et probablement leur expulsion du Paradis, tandis que la partie inférieure comporte des têtes en médaillons circulaires. La façade ornée de statues de la Renaissance et la cheminée sont classées Monument historique depuis 1928. Pendant quelques années la demeure a accueilli un musée privé présentant des personnages habillés d'époque dans un décor reconstitué ; elle est aujourd'hui une propriété privée.
Un balcon daté de 1842, orné des initiales entrelacées D et L, rappelle la longue possession par les Duchamp de Lageneste, propriétaires du XVIIIe siècle au début du XXe siècle. Au XIXe siècle, Guillaume-Joseph Duchamp de Lageneste fut maire de Beaulieu-sur-Dordogne de 1874 à 1876 ; on lui attribue la mise en place, en réemploi, des sculptures visibles sur la façade. L'édifice, construit ou profondément remanié au XVIIIe siècle, repose au rez-de-chaussée sur des bases médiévales, ce qui renforce l'hypothèse d'une reconstruction à partir d'un bâti plus ancien, cohérente avec sa situation au cœur de la vieille ville médiévale et à proximité de l'église abbatiale romane.
En l'absence de sources contemporaines, l'origine et le sens exacts des sculptures restent ouverts à l'interprétation, d'autant que leur disposition a pu être modifiée lors de leur réemploi. Les décors se déploient sur deux niveaux : entre le premier et le deuxième étage, on observe de grandes colonnes d'angle, des bustes et médaillons, des niches et la célèbre « nymphe bellocoise » accompagnée d'angelots ; entre le deuxième et le troisième étage figurent des statues d'angle, notamment des militaires comme un arquebusier et un veilleur installé dans une échauguette, ainsi qu'un grand hallebardier barbu. Une large frise du deuxième étage représente diverses scènes de combat entre un homme et un fauve, entourée de personnages — composition qui peut évoquer le combat d'Héraclès contre le lion de Némée. De nombreux éléments sculptés datent du XVIe siècle, soulignant le caractère composite et historique de la façade.