Origine et histoire de l'Église Saint-Pierre
L'église Saint-Pierre se situe place du Maréchal-Leclerc, au centre du bourg d'Ambarès-et-Lagrave (Gironde). L'édifice présente un vaisseau principal flanqué de deux bas-côtés, une travée droite précédant une abside en hémicycle, un clocher-tour quadrangulaire coiffé d'une flèche à l'ouest et une chapelle abritant les fonts baptismaux au nord‑ouest. Des traces d'une église du XIe siècle subsistent, notamment un petit appareil cubique visible dans les murs de la première travée de la nef, en arrière du clocher. Au XIIe siècle, la façade et le chevet furent reconstruits et un portail ouest à quatre voussures, avec cinq arcs en plein cintre retombant sur des colonnes jumelées, fut ouvert ; cet ensemble relève d'une ordonnance romane d'inspiration saintongeaise. Lors de la guerre de Cent Ans, au XIVe siècle, le chevet fut renforcé et partiellement fortifié. Les travaux de 1754 modifièrent profondément l'édifice : construction des bas‑côtés, création de la chapelle baptismale et mise en place d'un décor intérieur. L'ensemble fut largement remanié en 1837–1838 par l'architecte Bordes, qui transforma la façade occidentale, éleva le clocher‑tour et fit voûter la nef ; A. Dorous est cité comme entrepreneur et des travaux de restauration de l'intérieur et de la sacristie sont mentionnés en 1861. Les fenêtres percées dans les bas‑côtés en 1864 reçurent des vitraux conçus par Gustave Pierre Dagrant, peintre‑vitrier à Bordeaux. Le perron d'accès fut réalisé dans les années 1860 : certaines sources l'attribuent à l'architecte Faulat (ou Fautard) et à l'entrepreneur Monain. Le décor peint fut complété par le peintre Terral en 1897. La charpente, autrefois apparente et portant la date 1470, a été refaite entre 1890 et 1899 par L. Drouyn, période durant laquelle la nef et les bas‑côtés furent voûtés. Des éléments portent des datations ou inscriptions diverses : choeur du XIIIe siècle, chapelle du XVIe siècle et bas‑côtés attribués au XVIIe siècle ; l'intérieur a été remanié au XVIIIe siècle. Certains éléments anciens, comme une partie de la façade, le chevet romans et deux petites fenêtres de la nef, semblent appartenir à la deuxième église à nef unique du XIIe siècle, tandis que quelques arcatures de l'élévation ouest et le chevet paraissent n'avoir que peu été modifiés. L'édifice a été inscrit au titre des monuments historiques le 16 avril 2002.
De la décoration romane il subsiste très peu : deux chapiteaux de l'abside et deux chapiteaux de l'ébrasement sud du portail. L'un des chapiteaux de l'ébrasure sud montre quatre têtes, l'autre représente une bête bicorporée qui pèse sur deux crânes, motifs attestant la représentation du péché dans l'art roman. Sur l'abside, un chapiteau au faîte de la grande colonne sud comporte six têtes en saillie ; un voile commun recouvre ces têtes coiffées en bol ainsi que des fruits ovoïdes et pédonculés, association fruit‑péché fréquente dans la sculpture romane. Les chapiteaux de l'ébrasement sont cependant datés du XIXe siècle. Les vitraux de l'édifice sont l'œuvre de Gustave Pierre Dagrant. L'intérieur conserve parmi ses éléments notables la chapelle nord, plusieurs autels (principal, nord et sud), la chaire à prêcher et l'orgue.