Origine et histoire de l'Église Saint-Pierre
L'église Saint-Pierre d'Épernon présente une nef terminée par une abside, flanquée de deux bas-côtés eux aussi pourvus de petites absides. L'ensemble date du XVe siècle et repose sur des substructures d'époque romane, dont quelques éléments réemployés apparaissent dans la façade et sous le clocher nord. Située au centre d'Épernon, sa façade ouest s'ouvre sur la rue Saint-Pierre. Elle a été édifiée sur l'emplacement d'une première église romane antérieure au XIIe siècle ; l'édifice actuel, du XVe siècle, est aujourd'hui la seule des cinq églises d'Épernon à subsister après la Révolution. Un bombardement en juin 1940 provoqua l'effondrement partiel des fausses voûtes de la nef et des bas-côtés, voûtes en plâtre datées de 1885, mettant au jour les charpentes lambrissées ornées de peintures du XVIe siècle. L'édifice fut classé au titre des monuments historiques en 1942 afin de permettre les restaurations nécessaires après ces dommages. Le bombardement découvrit sous l'autel un caveau contenant les restes du 3e duc d'Épernon Goth de Rouillac et de son épouse, d'un de leurs fils (le 4e duc) et d'une de leurs petites-filles, Anne-Marie Louise de Goth. Cette salle souterraine de 3 m sur 3 fut vraisemblablement aménagée entre 1661 et 1680 et utilisée comme caveau familial jusqu'en 1690, à la mort du dernier duc, Gaston Jean-Baptiste de Goth, disparu sans descendance. En 1760, le caveau servit d'ossuaire pour recevoir les ossements de plus de 1 068 personnes provenant d'une salle du clocher. À la Révolution, il fut ouvert pour extraire un ou plusieurs cercueils de plomb ; au XIXe siècle, on n'y accéda que deux fois (1854 et 1885), le procès-verbal de 1854 mentionnant l'ossuaire et un corps momifié en bon état attribué alors à Anne-Marie Louise de Goth. Après juin 1940, l'abbé Georges Brierre fit extraire la majeure partie des ossements pour les mettre en valeur et fit placer les restes du corps momifié dans un cercueil de bois fabriqué pour l'occasion. En 2009, une équipe d'archéologues et d'anthropologues dirigée par Philippe Blanchard (INRAP Tours) étudia le caveau ; elle a estimé le nombre minimum d'individus présents et mis au jour des crânes sciés en lien avec l'embaumement des membres de la famille ducale. L'étude du corps momifié révéla qu'il s'agissait d'une femme de plus de 40 ans, ce qui exclut l'identification avec Anne-Marie Louise de Goth ; il s'agit plus probablement d'Anne Vialard, épouse du 3e duc, décédée en 1680. Un second corps momifié, très dégradé, a été identifié dans l'ossuaire ; il est également féminin et âgé de plus de 40 ans, mais son attribution demeure inconnue. On note parmi les éléments remarquables de l'édifice la façade ouest avec son portail réemployant des fragments romans, la nef, la voûte en bois peint du XVIe siècle et les fonts baptismaux. L'église appartient à la paroisse La Sainte Famille en Voise-Drouette, rattachée au doyenné de la Vallée de l'Eure dans le diocèse de Chartres.