Origine et histoire de l'Église Saint-Pierre
L'église Saint-Pierre d'Hermanville‑sur‑Mer, dans le Calvados, est un édifice catholique dont la nef en pierre remonte au XIe siècle. Depuis le XVe siècle, la paroisse compte une confrérie de charité sous l'invocation de saint Nicolas, patron des mariniers. Jusqu'à la Révolution, le patronage de l'église appartenait à un seigneur laïc qui désignait le curé ; en 1677 Louis‑Hercule Vauquelin, bachelier en théologie, succéda à l'abbé Formont grâce à l'appui de son frère, marquis d'Hermanville. La dîme de la paroisse était importante, trois obitiers étaient attachés au service, et Louis‑Hercule Vauquelin participa au maintien du maître d'école et fit don d'un grand retable qui masquait le mur plat du chevet et ses lancettes. Au début du XIXe siècle, l'abbé Victor Delaunay remit en état le triplet du chevet et ses vitraux ; l'abbé Jean‑Amédée Colleville poursuivit ensuite la restauration. L'engouement pour le patrimoine médiéval en Normandie entraîna parfois des restaurations lourdes, et en 1914 la proposition de classement fut rejetée. Pendant le débarquement de 1944, le clocher fut atteint par un obus dont la trace, bouchée, reste visible ; les cloches célébrèrent le débarquement le 14 juin et la première messe en territoire libéré fut dite le 18 juin, retransmise par la BBC.
L'architecture associe une nef romane du XIe siècle flanquée de bas‑côtés, un chœur du XIIIe siècle, une petite chapelle du XIIe siècle adossée au nord et une tour en grande partie du XIIe siècle. La nef, restaurée après 1874, est élevée sur deux niveaux ; le bas‑côté sud, en quatre travées, est épaulé de contreforts et percé de trois très petites baies, tandis que des modillons néo‑romans du XIXe siècle reprennent des motifs médiévaux. Le bas‑côté nord, plus court, comporte deux travées et deux fenêtres cintrées ouvertes après 1846 ; au‑dessus court une corniche à billettes soutenue par des modillons d'origine, dont l'un représente un bélier. Le pignon occidental, en trois niveaux, a vu sa grande porte transformée : l'ouverture initiale en arc brisé a été remplacée par un plein‑cintre dont l'archivolte est ornée de billettes et de dents‑de‑scie imitées du décor roman. À l'intérieur, la nef comprend trois travées, une charpente lambrissée décorée et s'ouvre sur les bas‑côtés par de massives arcades en plein‑cintre ; l'accès au chœur se fait par un arc triomphal en arc brisé.
Le chœur, plus étroit, date du XIIIe siècle ; il comporte trois travées, des contreforts et un seul rang d'arcatures en arc brisé dont les colonnettes ont disparu. Il est éclairé par de hautes lancettes jumelées et, au chevet plat, par un triplet partiellement masqué par une petite sacristie rectangulaire aujourd'hui inutilisée ; ce triplet fut remis en état par Victor Delaunay. Deux pierres de réemploi et une plaque commémorative pour un curé mort en 1786 sont intégrées au mur sud. À l'intérieur, le chœur est couvert de trois croisées d'ogives dont les arcs brisés retombent sur de fines colonnettes aux chapiteaux à un seul rang de crochets, surmontés de tailloirs circulaires, ce qui confère à cette partie une grande luminosité et une apparente légèreté.
La chapelle, de style de transition selon A. de Caumont, date du XIIe siècle ; une frise de dents‑de‑scie orne la corniche nord au-dessus de deux fenêtres en arc en tiers‑point. Elle est couverte de deux croisées d'ogives aux arcs en plein‑cintre et s'ouvre sur le chœur par une baie biaisée qui permet de voir l'autel depuis la chapelle sans être vu de la nef ; une seconde porte cintrée assure un accès direct et la chapelle sert de sacristie.
Le soubassement de la tour est roman et s'appuie sur la dernière travée de la nef, offrant un espace voûté et éclairé communiquant avec le bas‑côté nord. La tour, de plan carré, est pourvue d'une tourelle d'escalier dont la base quadrangulaire est suivie d'une construction ronde puis hexagonale coiffée d'une poivrière ajoutée après le passage d'A. de Caumont. Le deuxième niveau, roman, présente sur chaque face une baie unique entourée d'arcatures en plein‑cintre retombant sur de simples pilastres ; une corniche à billettes le sépare d'un troisième niveau du XVe siècle percé de lancettes munies d'abat‑sons, et un parapet crénelé plus récent couronne l'ensemble. Trois cloches rythment la journée en sonnant tous les quarts d'heure et annoncent les offices.
Le mobilier majeur est un retable baroque du XVIIe siècle offert par Louis‑Hercule Vauquelin : il occupe le fond du chœur, cache en grande partie les lancettes du chevet et met en valeur le tabernacle conformément aux prescriptions du concile de Trente. Le grand tableau, inspiré d'une descente de croix de Jean Jouvenet, frappe par son réalisme et est dominé par trois statues — un Christ ressuscité et deux anges adorateurs — entourées de putti en haut‑relief typiques du baroque, tandis que des colonnes torsadées et des dorures renforcent l'aspect spectaculaire voulu pour l'enseignement religieux. Le chœur et le clocher sont inscrits au titre des monuments historiques depuis le 24 janvier 1927.