Origine et histoire de l'Église Saint-Pierre
L'église Saint‑Pierre est un édifice gothique de la fin du XIIe–début du XIIIe siècle, situé au centre du bourg de Brillac en Charente ; elle appartient à la commune et a été inscrite au titre des monuments historiques en 2001. Elle domine le village et la vallée de l'Issoire et formait, avec l'ancien château, l'un des éléments du noyau médiéval appelé le « Fort ». La place publique devant le portail, aujourd'hui nommée place du cimetière, a été autrefois un cimetière, et des maisons médiévales subsistent au sud et à l'ouest de l'édifice. Associée au comté de la Marche et dépendant du diocèse de Limoges, la paroisse honorait plusieurs saints — Pierre, Honoré, Eutrope, Sulpice et Mélèze — et sa vicairie perpétuelle fut rattachée à l'ancien chapitre collégial de Brillac, réuni à celui du Dorat vers 1400. L'église a connu de nombreuses restaurations au fil des siècles : signalée en mauvais état en 1803, elle bénéficia de réparations inscrites au budget de 1806, de travaux de couverture et de réparation du clocher en 1866–1867, de reprises de charpente et de couverture en 1888–1889, de la reconstruction de la sacristie en 1897 et de la pose de trois vitraux en 1964 ; plusieurs mois de travaux d'embellissement récents ont aussi été entrepris, de même que la valorisation de la place et des rues avoisinantes. Construite en granite local, l'église présente un plan allongé avec une nef unique de trois travées et un faux‑carré de transept, des murs en moellons et pierre de taille et une couverture en tuiles creuses surmontée d'une flèche polygonale couverte d'ardoise. Elle se distingue par un portail gothique latéral sur l'élévation nord, à cintre brisé, composé de six voussures sur colonnettes décorées de boudins et de boules, et par la présence du clocher sur la troisième travée de la nef. Le clocher repose sur un bahut carré et est coiffé d'une flèche octogonale en ardoise, alors que les archives du XIXe siècle mentionnent des bardeaux ; il abrite deux cloches dont le mécanisme fut électrifié à la fin du XIXe siècle, le cordage manuel étant conservé. Le pignon occidental, percé d'une fenêtre à réseau, et des contreforts angulaires soutiennent l'édifice ; chaque travée est contrebutée et l'abside en cul‑de‑four à trois pans, séparée du faux‑carré par un doubleau sur colonne, est percée de fenêtres à vitraux. À l'extérieur, on remarque des roches sculptées autour du portail et de nombreux corbeaux, tandis que l'encadrement du portail, le chevet et les contreforts sont en pierre de taille. Intérieurement, les élévations, la voûte et le cul‑de‑four sont enduits ; un cordon en quart de rond court sous les voûtes, et le faux‑carré ainsi que l'abside sont en pierre de taille. La voûte en berceau brisé est portée par des arcs doubleaux appuyés sur des colonnes dosserets à rouleaux qui reçoivent aussi des arcades aveugles le long des murs gouttereaux ; le faux‑carré est couvert du même berceau brisé. Les deux vitraux latéraux représentent des saints et le vitrail oriental figure le Sacré‑Cœur. Un inventaire de 1790 décrit un mobilier comprenant notamment un autel de la Vierge en bois peint et un autel de saint Jean plus richement pourvu avec chandeliers, nappes, tableau doré, burettes, marchepied et chaire ; y sont aussi mentionnés tribune, confessionnaux, fonts baptismaux, bancs, coffre, pupitre, divers vases et pièces liturgiques en cuivre, étain ou argent, vêtements sacerdotaux et de nombreux livres liturgiques. L'inventaire signale en outre des reliquaires, dont une châsse contenant des reliques attribuées à saints Pierre, Mélisi, Luc et Jean‑Baptiste ; plusieurs objets furent supprimés après la Révolution. Aujourd'hui, le bénitier ouvre sur des rangées de bancs en bois, plusieurs niches anciennes subsistent dans les murs, une plaque commémorative rappelle les deux guerres mondiales, et les autels de la Vierge et de saint Jean demeurent distincts ; certains éléments du mobilier sont classés au titre des monuments historiques. L'église a par ailleurs accueilli pendant des décennies les pèlerins venus aux ostensions de la fête de la Trinité : jusqu'à 3 000 personnes assistèrent à ces cérémonies, des offrandes en cire, laine ou argent étaient remises pour des lectures de l'Évangile sur la tête des malades, et la participation financière fut notée à 8 à 10 sous en 1850 ; le curé se déplaçait parfois pour rencontrer les malades, muni d'une petite custode pour « porter le Bon Dieu ».