Origine et histoire de l'Église Saint-Pierre
L'église Saint-Pierre de Chaillevois, située dans le haut du village de la commune du même nom dans l'Aisne, occupe un site naturel remarquable et illustre le type de monuments répandus dans le Laonnois et le Soissonnais. L'édifice, en forme de croix latine, est renforcé à ses angles par de doubles contreforts et se compose d'une nef flanquée de deux bas-côtés relativement modernes, d'un transept et d'un chœur. Le clocher, placé au centre entre la nef et le chœur, est percé sur chacune de ses faces de deux baies géminées et se termine par un toit en bâtière ; il est accessible de l'intérieur grâce à une tour élégante percée de fenêtres ogivales et desservie par un escalier à vis. L'ensemble de l'édifice est couvert de petites tuiles plates, excepté la tour qui est recouverte d'ardoises. Le portail occidental, de style roman, présente un tore simple et un large bandeau plissé ; il a été muré au profit d'une autre entrée plus proche de la rue. Le mur sud du transept est orné d'une rosace à huit lobes, dont le modèle se retrouve à la cathédrale de Laon, et le chœur comporte une frise extérieure garnie de modillons à têtes d'animaux d'une exécution assez fine, témoignant de l'antiquité de l'édifice. À l'intérieur, seul le chœur est voûté ; au milieu de la nef s'ouvre une crypte appelée Trou-Saint-Maur, accessible par un escalier de neuf marches. La crypte renferme un petit autel surmonté d'une croix de Malte et un sarcophage vide dont le couvercle, appuyé contre la paroi droite, porte également une croix de Malte ; il pourrait s'agir du tombeau d'un chevalier de Malte, peut‑être de Nicolas d'Espagne, mais le souvenir en est aujourd'hui perdu. Jusqu'en 1873, une pratique locale consistait à déposer des enfants malades dans le fond du sarcophage pour tenter de connaître l'issue de leur maladie. Selon plusieurs historiens, la construction de l'église aurait commencé en 1023 sous l'impulsion d'Adalbéron, évêque de Laon de 977 à 1031, puis été interrompue à sa mort ; Elinand, évêque de 1052 à 1095, fit reprendre les travaux et consacra l'édifice à saint Pierre en juillet 1056 en présence des évêques de Noyon et de Senlis. Bien que l'édifice soit bâti à l'origine au milieu du XIe siècle, certaines parties qui menaçaient ruine auraient été reconstruites au cours du XIIe ou du XIIIe siècle. À la Révolution, en 1791, deux cloches furent enlevées pour être fondues en canons et une seule resta ; cette dernière fut remplacée en 1831 et baptisée. En mai 1869, grâce à la générosité de M. de Signier, l'église fut restaurée, dotée d'un vitrail et de deux nouvelles cloches, bénédiction qui rétablit le carillon de trois cloches. Pendant la Première Guerre mondiale, le 16 janvier 1917, deux cloches furent de nouveau enlevées par les forces d'occupation, puis des bombardements à la fin de 1917 détruisirent une partie du clocher et emportèrent les couvertures. L'église fut entièrement restaurée de 1919 à 1922 ; la bénédiction de deux nouvelles cloches eut lieu le 6 septembre 1931, et le 14 mai 1933 la statue de Notre‑Dame de Lourdes, retrouvée mutilée dans les décombres et restaurée, fut solennellement bénie. La couverture du clocher et d'une partie des toitures fut refaite en 1980, un coq a été posé au sommet du clocher après bénédiction le 22 novembre 1980, et la réfection de la nef et des bas‑côtés s'est achevée en 1988. La crypte, le chœur, le clocher et le transept ont été inscrits à l'inventaire supplémentaire des monuments historiques le 3 juin 1932 ; l'édifice figure également sur la liste du patrimoine historique du département de l'Aisne depuis le 29 avril 1986. Parmi les éléments remarquables de l'église figurent la tour, la rosace, l'ancien portail, les modillons et l'entrée de la crypte.