Origine et histoire de l'Église Saint-Pierre
L'église Saint-Pierre de Châteloy est un édifice roman, ancien prieuré situé dans le hameau de Châteloy, commune d'Hérisson (Allier), classé monument historique et inscrit sur la route des églises peintes du Bourbonnais. Implantée sur un éperon rocheux dominant l'Aumance, elle se trouve à environ 1,5 km au nord‑ouest du bourg d'Hérisson, sur un site connu depuis l'Antiquité sous le nom d'oppidum de Cordes. Le toponyme Châteloy dérive de Castellum Oculi, « castel sur l'Œil », l'ancien nom de l'affluent qui coule au pied du rocher. La tradition rapporte le martyre de saint Principin à proximité et la transmission de ce récit se retrouve dans la peinture murale de l'église.
L'édifice a été construit au milieu du XIIe siècle et consacré en 1170 ; il dépendait d'un prieuré bénédictin puis, dès le XIIIe siècle, du collège séculier de Saint-Sauveur à Hérisson, devenant église paroissiale jusqu'en 1725. Vendue comme bien national à la Révolution, l'église redevient propriété communale au XIXe siècle ; elle a été classée au titre des monuments historiques en 1909. Propriété de la commune, elle est rattachée pour le culte à la paroisse du Bon Pasteur du diocèse de Moulins.
L'édifice se compose d'une nef de quatre travées voûtée en berceau, précédant une abside circulaire, et d'un bas-côté nord ouvrant sur un clocher carré de deux étages et se terminant par une absidiole ; une chapelle seigneuriale ouvre sur la dernière travée du bas-côté nord. Au XVIe siècle une chapelle seigneuriale a été ajoutée à la quatrième travée et la porte latérale a été refaite ; des campagnes de restauration ultérieures ont modifié et consolidé certains élévations et la flèche en bois du clocher a été remaniée. L'édifice mesure environ 30 m sur 14 m, la chapelle seigneuriale atteignant 15,5 m de hauteur, et la couverture est en tuiles canal, la flèche provenant d'une base carrée couvrant un sommet octogonal garni de tavaillons.
Sur le plan extérieur, le clocher présente trois niveaux de baies, dont des fenêtres géminées et des abat-sons sous la flèche ; des pierres de réemploi sculptées en bas‑relief (acrobate, tête, basilic) ornent un contrefort nord. La porte du bas-côté nord, couverte par un arc flamboyant, conserve une serrure ancienne du XVIe siècle et un décor aux fleurs de lys des ducs de Bourbon.
L'intérieur offre une nef principale haute, formée de travées inégales voûtées en berceau brisé, avec arcs-doubleaux en ogive reposant sur des chapiteaux sculptés de motifs végétaux ; la travée qui supporte le clocher comporte une coupole sur pendentifs renforcée par huit nervures autour d'un oculus. Le bas-côté, plus bas, est voûté en croisée d'ogives ; les deux nefs s'achèvent par des absides en cul-de-four brisé. La deuxième pile cruciforme contient les fonts baptismaux et un chapiteau historié unique représentant le Paradis terrestre en trois tableaux.
Les peintures murales, mises au jour et restaurées à partir de la fin des années 1960 et dans les années 1970, comprennent deux campagnes picturales principales (XIVe et XVe–XVIe siècles) ainsi qu'un décor plus ancien sous-jacent. Sur le mur sud de la nef une longue frise en six tableaux, à lire de droite à gauche, relate le martyre de saint Principin et porte des cartouches nominant les personnages ; cette fresque, redécouverte en 1971, est un document iconographique majeur. Le chœur est orné d'un Christ en majesté dans une mandorle entouré du tétramorphe, d'anges musiciens et de rangées de saints ; cet ensemble, en grande partie de la Renaissance, comprend aussi des figures plus anciennes.
La litre seigneuriale apposée au début du XVIe siècle par les seigneurs de La Roche-Othon couvre également l'absidiole et affiche leurs armes et des représentations de chevaliers. Un grand saint Christophe peint au bas de la nef, daté de 1580, est destiné à protéger contre la malemort.
Parmi le mobilier figurent un sarcophage sans couvercle et un coffre pour vêtements sacerdotaux du XVe siècle, un lutrin et un livre de plain-chant dans l'absidiole, une surprenante chaise double dite de réconciliation, ainsi que des statues allant du XIIIe au XVIe siècle : un saint Pierre en bois, une Vierge à l'Enfant polychrome, une statue en pierre de saint Luc et un christ en bois. Une peinture à l'huile du XVIe siècle, sans nom d'auteur et provenant probablement d'un ancien retable, représente une adoration des mages.
Menacée d'effondrement au milieu du XXe siècle, l'église a fait l'objet de restaurations initiées par l'association Les Amis du Vieil Hérisson et financées en partie par le Festival de Musique de Châteloy et Souvigny devenu le Festival de Musique en Bourbonnais ; les travaux ont commencé en 1969, se sont poursuivis dans les décennies suivantes et ont concerné notamment la couverture en 2012. Grâce à ces campagnes, l'église Saint-Pierre de Châteloy est aujourd'hui considérée comme l'une des splendeurs romanes de la route des églises peintes du Bourbonnais.