Origine et histoire de l'Église Saint-Pierre
L'église Saint-Pierre (ou Saint-Sauveur) de Collonges-la-Rouge, en Corrèze, est bâtie en grès rouge vers 1060-1070 et a été agrandie entre le XIIe et le XVe siècle. Elle a été fortifiée à la fin du XIVe siècle puis à nouveau au cours des guerres de Religion au XVIe siècle, période durant laquelle on ajoute la tour carrée au sud dite « tour du guetteur ». À la même époque médiévale on ajoute une deuxième nef, plus courte, et quatre chapelles de dimensions inégales, qui lui confèrent son plan irrégulier. Pour enrayer le déclin du village, la municipalité entreprend des travaux de conservation dès 1902 et obtient le classement de l'édifice au titre des monuments historiques le 4 avril 1905. Le clocher roman, peut-être le plus ancien du groupe régional des clochers à gâbles limousins, daterait du début du XIIe siècle. Sa base est carrée et comporte deux étages soulignés par de hautes baies en plein cintre dont les ouvertures sont accentuées par arcs, piliers et colonnes à chapiteaux sculptés. Deux niveaux octogonaux surmontent ces assises carrées, la transition étant masquée par des gâbles, et le dernier étage reçoit une couverture conique qui remplace l'ancienne flèche en grès. Cette structure rare, l'un des types les plus archaïques du clocher limousin, ne subsiste que dans quatre exemplaires régionaux. Le portail se distingue par un tympan en calcaire de Nazareth, de teinte claire, qui contraste avec le grès rouge de l'église. Ce tympan, attribué à des sculpteurs toulousains au XIIe siècle, aurait été démonté et scellé dans le pignon pour le préserver des violences pendant les guerres de Religion, puis remis en place lors de la restauration de 1923. Ses sculptures en demi-relief représentent, selon les spécialistes, soit l'Ascension, soit le Retour du Christ ; au centre du registre supérieur le Christ tenant le Livre aux sept sceaux est encadré d'anges, et le registre inférieur montre la Vierge entourée de onze apôtres. Les deux arcs trilobés qui supportent le tympan reposent sur quatre chapiteaux à palmettes perlées ; le chapiteau droit, décoré d'un montreur d'ours, est d'origine, les trois autres étant des copies réalisées lors d'une restauration. L'intérieur s'ouvre sur une nef romane très dépouillée, tandis que la nef de gauche, de style gothique, est éclairée par des vitraux. La tradition locale rapporte que, pendant les guerres de Religion, le culte catholique se tenait dans la nef principale et le culte protestant dans la chapelle Saint-Jacques, chaque camp cherchant à perturber l'office de l'autre. L'autel principal, peint en bleu et doré, réunit des éléments de différentes époques : un autel du XIXe siècle, un gradin en partie du XVIIe siècle, un tabernacle du XVIIIe siècle et un retable reconstitué au XIXe siècle ; il a été classé en 1978 et restauré en 1984-1985. L'autel de la chapelle sud, son gradin, son tabernacle et son retable en bois sculpté et doré, représentant la Passion, datent du XVIIe siècle et sont inscrits aux monuments historiques. Une clôture de chapelle en bois sculpté et ajouré, ornée de coquilles, rinceaux, volutes, feuilles d'acanthe et atlantes, attribuée à la fin du XVIIe siècle ou au début du XVIIIe, est inscrite comme objet classé depuis 1982. La statue en bois du Christ gisant, datée du XVIe siècle et retrouvée dans une haie en 1971, est inscrite aux monuments historiques, de même que la Vierge de Pitié en bois doré et peint (XVIIe ou XVIIIe) et la Vierge à l'Enfant (XVIIIe). Un Christ en croix en bois sculpté, monté sur une croix rapportée et datant du XVIIe siècle, est également inscrit. L'édifice conserve ainsi un ensemble d'éléments architecturaux et mobiliers illustrant les évolutions stylistiques et les aménagements défensifs qui ont marqué son histoire.