Origine et histoire de l'Église Saint-Pierre
Au sud-est de Belfort, dans le Sundgau, l'église romane de Froidefontaine est dédiée à saint Pierre. Elle dépendait du prieuré clunisien fondé en 1105 par Ermentrude, veuve du comte Thierry de Montbéliard et sœur du pape Calixte II et de l'archevêque de Besançon Hugues II. Le prieuré, construit au XIIe siècle, connut une période de déshérence aux XVIe et début XVIIe siècles. Il fut attribué vers 1636 au collège des Jésuites d'Ensisheim par l'archiduc Léopold de Habsbourg (1614-1662), héritier de l'avouerie du prieuré. De ce renouveau communal date le bâtiment situé au nord de l'église, construit en 1720. Des travaux de réparation et de reconstruction de la nef ont également été menés au début du XVIIe siècle. Lorsque l'ordre des Jésuites fut supprimé en Alsace en 1765, les biens du collège d'Ensisheim furent attribués au Collège royal de Colmar jusqu'à la Révolution française. Au début du XIXe siècle, le prieuré connut de nouvelles transformations : deux bâtiments abbatiaux furent détruits et les travées occidentales de la nef furent partiellement démolies. Une nouvelle façade fut dessinée en 1833 par l'architecte belfortain Aristide Poisat. Avant la Révolution, l'église avait déjà perdu certains éléments romans — l'absidiole sud et le bras de transept sud, identifiés par sondage archéologique — ainsi que sa toiture à deux pans; il est possible que le clocher ait précédemment été placé à la croisée du transept. Des travaux menés en 1953 puis entre 1970 et 1980 ont encore modifié l'édifice. L'église présente un vaisseau de type basilical avec une nef et des bas-côtés sur quatre travées, plusieurs travées occidentales faisant défaut. La nef comporte quatre travées d'arcade en plein cintre reposant sur des piles cylindriques munies de tablettes carrées chanfreinées et d'une base octogonale taillée net. Les colonnes de la première travée, plus massives, portent des chapiteaux cubiques surmontés de tailloirs moulurés. Le chœur s'ouvre sur une abside en demi-cercle voûtée en cul-de-four; l'arc de l'abside repose sur des impostes sculptées. À l'extérieur, l'abside est ornée d'une corniche ouvragée intégrant trois têtes sculptées. Divers éléments sculptés ont par ailleurs été retrouvés aux abords de l'église. René Tournier rattache stylistiquement Froidefontaine à l'influence rhénane, rapprochement compatible avec d'autres églises romanes du Sundgau telles que l'église Saint-Jacques-le-Majeur de Feldbach.