Origine et histoire de l'Église Saint-Pierre
L'église Saint-Pierre de Gourdon est l'église paroissiale dédiée à saint Pierre et domine la butte du village. Paroisse depuis le Moyen Âge, elle dépendait directement de l'évêque de Cahors, qui nommait le titulaire de la cure. L'édifice semble avoir des origines au XIIe siècle et l'église paroissiale est mentionnée en 1143 parmi les possessions de l'abbaye du Vigan. La majeure partie de l'édifice actuel — chevet, nef et au moins certaines chapelles — a été construite dans les trente premières années du XIVe siècle. En 1303 les consuls et habitants demandèrent l'autorisation de reconstruire l'église et un impôt spécifique fut établi; en 1307 un contrat fut passé pour la fourniture de pierres. Vers 1311 la nef et la tour sud étaient achevées et le maître-maçon Pierre Deschamps fut requis pour expertiser les voûtes, constatant la nécessité d'ajouter des arcs formantets. En 1335 l'église fut livrée au culte et, à cette date, une seule tour du massif occidental était achevée ; la tour nord est également mentionnée comme achevée en 1335. Le début de la guerre de Cent Ans entraîna l'interruption des travaux et la façade resta inachevée. Les campagnes de construction reprirent en 1490 et s'achevèrent en 1509 ; elles comprennent l'achèvement de la seconde tour, le portail occidental et la première chapelle nord. Le hourd maçonné sur mâchicoulis qui surmonte la rose ne semble pas antérieur à la fin du XVIe siècle. L'église subit de graves dégradations lors de l'invasion des troupes protestantes du capitaine Duras le 4 septembre 1562 et, faute de réparations, elle fut décrite comme « en ruyne ». Un litige entre le chapitre de l'église Notre-Dame de l'Assomption du Vigan et le recteur sur la charge des travaux aboutit à une condamnation en 1591 ; des réparations commencèrent à partir de 1608 et les mâchicoulis au‑dessus de la porte d'entrée pourraient dater de cette période. Des réparations importantes ont eu lieu au XIXe siècle et l'édifice ne souffrit pas de la Révolution. L'église figure sur la liste de 1841 des monuments, son classement au titre des monuments historiques ayant été régularisé en 1906. De caractère dépouillé, l'édifice relève de l'école gothique languedocienne : sa façade est flanquée de deux tours et la partie centrale est surmontée de mâchicoulis. La nef mesure 41 m de long, 12 m de large et 21 m de haut ; les tours s'élèvent à 35 m. Le mobilier comprend un orgue de tribune construit en 1887 par Édouard et Eugène Stoltz, réinstallé dans son buffet en 1987. Parmi les pièces protégées figurent un retable du XVIIe siècle, plusieurs bas-reliefs dorés attribués aux sculpteurs Tournié (fin XVIIe–XVIIIe siècle), un bénitier du XVIIe siècle, un cadran solaire du XIVe siècle porté par la statue d'un religieux et un antependium de l'école des Tournié ; plusieurs de ces objets sont classés ou référencés dans la base Palissy. Le mobilier comporte encore un chemin de croix en ronde-bosse de style classique, une chaire d'époque Restauration, des fonts baptismaux, un autel décoré par le peintre Barbieri en 1833 (restauré en 2005-2006) ainsi que des panneaux sculptés de l'Annonciation et de la Visitation entourant une Pietà. L'église conserve des fragments de vitraux géométriques du XIVe siècle et des vitraux historiés du XVIe siècle dans la rosace au‑dessus du portail occidental ; les vitraux du chœur furent réparés en 1610 par Olivier Rey, verrier de Gourdon, en utilisant des verres anciens.
