Origine et histoire de l'Église Saint-Pierre
L'église Saint-Pierre de Guerbigny se trouve au centre du village, dans le sud de la Somme, non loin de Montdidier. L'existence d'un lieu de culte à Guerbigny est attestée dès 1108 ; l'édifice actuel a été construit au XIIIe siècle et remanié aux XVe et XVIe siècles. Le pignon de la façade fut restauré en 1776, le portail et la toiture des bas-côtés au XIXe siècle. L'église a été endommagée pendant la Première Guerre mondiale et restaurée dans l'entre-deux-guerres ; elle a de nouveau subi des dommages lors de la campagne de France en 1940 et a été restaurée après la Seconde Guerre mondiale. L'édifice est protégé au titre des monuments historiques par un arrêté du 20 août 1919.
À l'extérieur, la nef à bas-côtés du XIIIe siècle comprend cinq travées ; le transept non saillant et le chœur à chevet polygonal à trois pans datent du XVe siècle. Une chapelle dédiée à Marie-Madeleine a été construite en 1475. La façade, triangulaire et sans décor sculpté, est surmontée d'une statue de saint Pierre assis dans la cathèdre ; le portail est de style roman et les fenêtres du chœur sont ogivales. Sur le côté droit s'élève la tour-clocher dont la partie supérieure en encorbellement contient quatre cloches.
À l'intérieur, la nef est séparée des bas-côtés par de forts piliers ronds et éclairée par des fenêtres étroites qui évoquent le style roman. Près de l'entrée se trouve une sculpture en pierre représentant le Christ aux liens. Les fonts baptismaux, en pierre sculptée et datés de 1567, présentent une cuve carrée ornée de festons et de guirlandes reposant sur un fût sculpté ; les colonnettes d'angle ont disparu. Quatre sujets sculptés, séparés par des anges, ornent le support de la cuve : au-devant le baptême de Jésus, à droite saint Pierre et saint Paul, à gauche l'Assomption de la Vierge avec des anges tenant une couronne au-dessus d'elle, et derrière probablement saint Jean. Le bandeau qui entoure la cuve porte l'inscription « O MR DEI MEMENTO MEI ». Sur la cuvette de plomb intérieure est gravée la mention « Jesus, via, veritas et vita.18. 1657 » ; au fond figurent les lettres « FL.NC.SP. », dont le sens demeure inconnu. Les fonts sont classés au titre d'objet parmi les monuments historiques depuis le 21 février 1907.
L'église conserve un orgue de tribune de la manufacture Daublaine Callinet, daté du XIXe siècle. Les chapelles du transept sont du XVIe siècle ; la chapelle Sainte-Croix, à droite, abrite une sculpture singulière : une croix en pierre en forme de tronc brut, encadrée sur les murs par les instruments de la Passion — colonne, lance et fouets — avec le soleil et la lune au-dessus. Au bas de la croix, le Christ couronné d'épines est représenté les mains liées ; près de lui sont les vêtements, les dés et les pièces d'argent. À droite, saint Pierre présente le donateur portant une banderole inscrite « qui pro nobis passus es », et à gauche sainte Catherine présente la donatrice avec la banderole « Dne miserere nobis ». Le groupe sculpté du Christ aux liens a été offert en 1475 par Pierre Noiret, habitant du village et fondateur de la chapelle Sainte-Marie-Madeleine. Le chœur, daté du XVIe siècle, est décoré de boiseries et de stalles sculptées du XVIIe siècle et comprend un maître-autel en bois.
