Origine et histoire de l'Église Saint-Pierre
L'église Saint-Pierre, située à La Lande-de-Fronsac en Gironde, est inscrite au titre des Monuments historiques. L'édifice conserve un plan roman comprenant une abside en cul-de-four, un chœur de deux travées voûté en berceau plein-cintre et une nef voûtée d'arêtes ; la travée qui précède le chœur, sensiblement carrée, supporte le clocher. Le chevet, le chœur et le clocher relèvent de la tradition romane, tandis que la nef présente des aménagements gothiques. L'abside semi-circulaire et les voûtements orientaux traduisent des campagnes de construction médiévales, et des réparations ont été réalisées aux siècles suivants. L'intérieur de l'abside et du chœur est rythmé par des arcatures retombant sur des colonnes engagées qui encadrent une série de fenêtres dont la forme primitive a été en partie modifiée ; le mur latéral sud conserve une fenêtre intacte. Les colonnes de l'arcature et de l'arc triomphal sont surmontées de chapiteaux sculptés : feuilles, têtes dont les bouches laissent échapper des rinceaux, et lions adossés figurent parmi les motifs. Au nord de la travée du clocher s'ouvre une chapelle latérale dédiée à la Vierge, élevée à la fin du XVe siècle, et, à l'est de cette chapelle, une sacristie du XVIIIe siècle voûtée en arc de cloître dessert l'édifice. Une surélévation du chevet a été aménagée autrefois pour servir de refuge, et un reste d'échauguette à l'angle sud‑ouest de la nef atteste d'un dispositif défensif lié aux guerres de Religion. Le portail latéral sud constitue un exemple remarquable de sculpture romane : une quadruple archivolte décorée d'entrelacs et de motifs variés encadre un tympan sculpté d'une scène de l'Apocalypse. Le tympan représente la première vision de saint Jean et figure, de manière stylisée, saint Jean témoin, le Fils de l'Homme entouré d'étoiles et d'une épée, ainsi qu'un personnage nu pris dans des lianes ; des inscriptions gravées, partiellement effacées, accompagnent la scène, et l'étole du Christ porte la mention ZONA AUREA. Les quatre voussures et les ébrasements du portail, inspirés de la sculpture de Saintonge, multiplient figures humaines, apôtres, chimères et entrelacs dans un décor très animé, tandis que les chapiteaux d'entrée, quoique érodés, conservent des corbeilles à lianes et des têtes d'animaux. Le chevet se compose de neuf pans délimités par des colonnes à chapiteaux non sculptés et percés chacun d'une baie étroite sous archivolte, la corniche étant portée par vingt‑cinq modillons dont dix‑sept sculptés ; leur répertoire, daté de la seconde moitié du XIIe siècle, va des billettes et cylindres aux étoiles, coquillages, masques humains ou diaboliques et animaux. Un tableau de la Crucifixion, réalisé par un peintre bordelais selon une inscription datée de 1622 et offert en 1642, est fixé sur le mur nord de la nef au‑dessus de la porte de la sacristie. À l'extérieur, une croix de cimetière présente une base polygonale à degrés typique de la fin du XVe siècle, un socle attribué au XVIIIe siècle et un fût du début du XIXe siècle, et les contreforts portent les vestiges de deux cadrans canoniaux gravés utilisés autrefois pour déterminer les heures liturgiques. L'ensemble témoigne d'une continuité d'usage et d'interventions successives qui ont fait évoluer la lecture architecturale de l'église Saint‑Pierre.