Origine et histoire de l'Église Saint-Pierre
L'église Saint-Pierre, de plan à abside arrondie flanquée de deux absidioles sur les bras du transept, se situe à La Sauvetat-de-Savères, dans le département du Lot-et-Garonne. Quatre chapiteaux romans, placés aux retombées des arcs des absidioles, sont conservés dans l'édifice et ont été inscrits au titre des monuments historiques le 21 mai 1957. Les archives du prieuré ont été détruites lors des diverses guerres qui ont affecté la région, ce qui rend incertaine une partie de son histoire. Selon l'abbé Barrère, cité dans des récits locaux, Bernard de l'ordre de Cluny, né près d'un château de La Sauvetat, fut envoyé en Espagne par saint Hugues à la demande du roi Alphonse VI ; certains auteurs identifient cette naissance à La Sauvetat-de-Savères, tandis que d'autres proposent une autre Sauvetat. Le village a été fondé par le chapitre de la collégiale Saint-Caprais d'Agen, qui y établit un prieuré non conventuel mentionné dans le pouillé de Jean de Valier, sans que sa date de fondation soit connue avec précision. Par comparaison stylistique, Georges Tholin attribue la construction du sanctuaire à la fin du XIIe siècle. Au Moyen Âge le bourg s'est développé autour de l'église en bénéficiant du droit d'asile et de protections seigneuriales multiples : par un accord de 1203 le chapitre céda la moitié du fief au comte Raymond VI de Toulouse, qui accepta d'assurer sa garde et, selon cet accord, fit construire des remparts dont il ne subsiste plus que des vestiges. En 1205, le comte et le chapitre accordèrent à La Sauvetat les coutumes d'Agen, et en 1235 l'évêque d'Agen reconnut la propriété du chapitre sur la ville et sur l'église Saint-Pierre. Au fil des siècles la seigneurie changea de mains : en 1271 le roi de France devint coseigneur, puis la localité passa au XIVe siècle sous la suzeraineté anglaise, période pendant laquelle La Sauvetat subit des occupations successives et des violences liées à la guerre de Cent Ans; le prieuré en fut ruiné et réuni à la mense du chapitre de Saint-Caprais en 1351. Durant la guerre de Cent Ans et les conflits ultérieurs la ville et l'église subirent pillages et destructions, et des bandes de routiers opérèrent dans la région. À l'époque moderne, l'église servit de défense locale : au XVIe siècle elle fut transformée en place forte, le mur du cimetière constituant la première enceinte et renforcé par un ravelin, la tour romane du clocher étant la partie principale aménagée pour la défense. En 1589, des compagnies s'y retranchèrent et furent attaquées le 15 août par les troupes de la Ligue; en 1597 l'évêque d'Agen réconcilia l'église et le cimetière, constatant alors leur mauvais état, la toiture effondrée, les fonts détruits et les ornements détériorés. Au début du XVIIe siècle les consuls firent des emprunts pour réparer la fortification, puis après la Fronde les fossés furent comblés et l'emplacement du ravelin transformé en cimetière. Pendant la Révolution, une cloche fut enlevée en mai 1793 et le culte fut profané en décembre 1793 lors de l'installation temporaire d'un culte de la Raison. L'édifice fut restauré au XIXe siècle, avec une façade surmontée d'une flèche. Sur le plan architectural, Georges Tholin rapproche l'église Saint-Pierre de La Sauvetat-de-Savères de quelques sanctuaires du Lot-et-Garonne présentant un plan à trois absides implantées en trèfle. L'église, fortement mutilée par les conflits, a conservé une nef unique prolongée par un chœur en abside, tandis que deux absidioles plus étroites et moins hautes forment le transept. La longueur de la nef, du fond de l'abside au portail, est de 31,50 m, et la largeur du transept, d'une absidiole à l'autre, est de 14 m.