Origine et histoire de l'Église Saint-Pierre
L'église Saint-Pierre-ès-Liens, située au centre du bourg de Lorignac (Charente-Maritime), est un édifice composite issu de plusieurs campagnes de travaux. Son origine remonte à l'époque romane du XIIe siècle, mais des interventions gothiques ont modifié la voûte et d'autres parties, tandis que le XIXe siècle a connu des restaurations et des agrandissements. Des campagnes de réparation ont également eu lieu du XVIIIe siècle au milieu du XIXe siècle. De la période romane, l'église a conservé la façade, la nef, la travée sous clocher avec sa coupole sur pendentifs et les supports de colonnes flanqués de chapiteaux. Le bras sud, appelé chapelle Saint-Jacques, porte des traces d'un voûtement du XIVe siècle ; ce croisillon abritait une crypte qui a été comblée en 1775.
La façade occidentale est rythmée par des bandeaux en trois niveaux : au premier se trouve un portail à trois voussures au décor géométrique, sur colonnettes et chapiteaux sculptés, surmonté d'un atlante nu ; le deuxième niveau présente sept arcatures reposant sur des colonnes à chapiteaux végétaux ; le troisième est formé d'une corniche portée par dix modillons et se termine en pignon. Le chapiteau nord du portail affiche un décor végétal simple, tandis que le chapiteau sud est historié et représente quatre personnages : à gauche un avare, reconnaissable à la lourde bourse suspendue à son cou ; au centre un être maléfique mutilé (privé de bras et de jambes) qui se relie à une femme placée à l'angle de la corbeille ; cette femme enlace le cou d'un monstre qui tient de la main gauche un bâton orné d'un fanion triangulaire.
Les sujets non bibliques des chapiteaux et des modillons relèvent souvent de mises en garde contre les péchés capitaux, en particulier la luxure et l'avarice, comme l'illustre la composition du chapiteau sud. Il ne subsiste que deux modillons identifiables : l'un représente un monstre tirant la langue, geste considéré comme obscène, l'autre une scène de copulation, motif fréquent en Aquitaine et en Poitou-Charente (on en trouve notamment à l'église de Saint-Caprais-de-Bordeaux). On peut raisonnablement supposer que les modillons martelés portaient des sujets analogues. L'église Saint-Pierre-ès-Liens est inscrite au titre des monuments historiques : sa façade occidentale en 1925, puis l'ensemble de l'édifice en 2000.