Origine et histoire de l'Église Saint-Pierre-de-Mons
L'église Saint-Pierre de Mons, située au lieu-dit Mons sur la commune de Belin-Béliet en Gironde, est un édifice catholique inscrit aux monuments historiques. Elle se trouve sur la route départementale D110E1 qui relie Belin-Béliet à Lugos. La fondation de l'église remonte à la fin du XIe siècle ; l'édifice primitif comprenait une nef unique de 31,5 m sur 5,6 m et une abside semi‑circulaire, construite en blocs de grès ferrugineux (alios ou garluche). La fenêtre centrale de la nef traverse un contrefort et l'abside fut voûtée en cul‑de‑four au début du XIIe siècle. La porte actuelle, en arc ogival, date du XIVe siècle ; à droite s'observe l'emplacement d'une veyrine murée au XVIIIe siècle, qui permettait autrefois l'accès aux fonts baptismaux pour les enfants non baptisés ou malades. Au XVe siècle, un clocher défensif a été ajouté : l'édifice s'est doté d'une imposante tour barlongue occidentale, ornée de corbeaux et de fenêtres en forme de créneaux, liée aux préoccupations défensives des guerres de Religion. Le bas‑côté sud date du XVIe siècle ; la nef a par ailleurs été renforcée de contreforts gothiques et percée de nouvelles baies au XVe siècle. La sacristie, adossée au sud du chevet, remonte au XVIIe siècle et les fenêtres latérales de l'abside ont été percées à la même époque. La nef et la façade occidentale ont été presque entièrement reconstruites au XIXe siècle. L'édifice est inscrit au titre des monuments historiques depuis le 2 juillet 1987.
Belin fut, du XIe au XVIIIe siècle, une étape importante de la via Turonensis vers Saint‑Jacques‑de‑Compostelle ; le Liber Sancti Jacobi mentionne la présence de tombeaux attribués aux compagnons de Roland, une tradition qui fit de la localité un lieu de passage notable et conduisit à l'existence de deux prieurés et de l'église Saint‑Pierre‑de‑Mons ; cette légende a été analysée et réfutée par André Moisan.
L'intérieur de l'église est sobre ; le décor sculpté se concentre dans la partie romane du chœur et du chevet. La nef communique avec le chœur par un arc triomphal en ogive, et le chœur est relié à l'abside par un autre arc ogival. Six chapiteaux datés du XIIe siècle ornent la baie axiale et les colonnes du chœur : ceux de l'arc triomphal présentent, au nord, une corbeille à rinceaux surmontée d'une frise d'oiseaux et, au sud, une corbeille figurant cinq personnages en tuniques courtes accompagnés de deux masques, interprétés tour à tour comme compagnons de Roland ou martyrs de saint Clair. Autour du chevet court un cordon à damier ; au nord du chœur une corbeille montre une triple arcature en plein cintre et des feuilles gravées, tandis qu'au sud on trouve un entrelacs simple. La baie axiale comporte, sur le chapiteau nord, trois paires de poissons aux écailles apparentes ; sur le chapiteau sud figurent des scènes complexes avec un quadrupède écailleux tenant une proie, une créature renversée aux défenses, et, sur l'autre face, deux hommes en robes longues aux manches très amples et aux chaussures pointues.
Parmi le mobilier, une statue en bois polychrome d'environ un mètre, longtemps prise pour saint Clair, est désormais identifiée comme saint Jean en raison des lettres décoratives et du symbole figurant sur le calice ; elle proviendrait vraisemblablement du prieuré Saint‑Jean de Mons. Le Christ en croix en bois polychrome date du XVe siècle. Une petite statue en grès polychrome, attribuée aux XVe‑XVIe siècles, représente sainte Quitterie et porte l'inscription « Sainte Quittéré ». La chaire fixée au mur nord de la nef est datée des XVIIe‑XVIIIe siècles. Le retable, apporté au XIXe siècle depuis l'ancienne église Sainte‑Quitterie détruite, est en chêne sculpté par Robert Biguerie au XVIIIe siècle ; il présente au centre une Vierge à l'Enfant polychrome du XVIIIe siècle, encadrée à gauche par saint Pierre et à droite par un pèlerin.
À l'extérieur, une pierre levée à demi enterrée derrière le chœur intrigue par son origine non locale et sa fonction indéterminée ; la présence, dans les environs de Mons, de mégalithes comme le dolmen de Braou à Belin, la Main du Diable à Lugos, et d'outils en silex trouvés à Salles et au Barp atteste une occupation humaine ancienne de la région. La croix du cimetière, datée du XVIe siècle et inscrite au titre des monuments historiques depuis le 24 avril 1987, se dressait en 1815 dans le bourg de Belin avant d'être déplacée à son emplacement actuel ; elle s'élève à quatre mètres, repose sur un piédestal et une colonne scellée au plomb, porte un crucifix sur sa face nord et les clés papales sur sa face sud. La croix dite des pèlerins, imposant monument apparenté à un obélisque haut d'environ 4,50 mètres et posé sur une colonne élevée fixée à un socle de sept marches, date du XVe ou du XVIe siècle ; sa fonction originelle reste discutée (amer terrestre, croix de sauvetat ou marque de sépulture des compagnons de Roland) et elle est inscrite à l'inventaire des monuments historiques depuis le 9 janvier 1990.
La fontaine Saint‑Clair, située à une centaine de mètres en contrebas de l'église, se compose d'un dôme en grès ferrugineux décoré de fleurs et de statuettes ; son eau a longtemps été considérée comme miraculeuse et la fontaine, dédiée à saint Clair et associée aux guérisons des troubles oculaires, fait l'objet d'une cérémonie le premier dimanche de juin. La légende rapporte que les reliques de saint Clair furent conservées en divers lieux, la chapelle Saint‑Clair de Sainte‑Eulalie à Bordeaux ayant abrité ces reliques avant leur transfert à la cathédrale de Lectoure, et la fontaine est inscrite à l'inventaire des monuments historiques depuis le 9 janvier 1990. Enfin, la commune compte une croix de Jubilé datée de 1826, en pierre, apparentée à une autre croix de la place Saint‑Vital et vraisemblablement issue de la même fabrique locale.