Origine et histoire de l'Église Saint-Pierre
L'église Saint-Pierre, église catholique paroissiale de Nanteuil-le-Haudouin (Oise, Hauts-de-France), est un édifice de style gothique primitif majoritairement daté du troisième quart du XIIe siècle. Bâtie en pierre, elle présente une silhouette robuste et austère : l'extérieur est peu décoré en dehors des portails, et l'intérieur fait preuve d'une facture lourde atypique pour son époque. Les deux fortes tourelles octogonales qui précèdent la façade occidentale signalent l'appartenance de l'édifice au petit groupe des églises fortifiées de la région, caractéristique qui lui confère une valeur archéologique particulière, tout comme la singularité des supports des voûtes à l'intérieur. Le portail occidental a été classé au titre des monuments historiques par arrêté du 27 juillet 1908 ; le reste de l'église et le clocher ont été inscrits par arrêté du 8 novembre 1966. L'église occupe le centre de la paroisse Notre-Dame de la Visitation du Haudouin, qui regroupe quinze communes, et la messe dominicale y est célébrée chaque dimanche à 11 h.
Située rue Charles-Lemaire (RD 19) et place de Verdun, au centre de Nanteuil-le-Haudouin, l'église est dégagée de bâtiments voisins. Elle succède à un prieuré fondé après le milieu du VIIe siècle par saint Valbert, rattaché à Cluny en 1095, et la paroisse semble avoir été instituée par ce prieuré pour répondre aux besoins de la population locale; le prieur exerçait la collation de la cure. Sous l'Ancien Régime la paroisse dépendait du diocèse de Meaux avant d'être rattachée, à la Révolution, au diocèse de Beauvais. L'histoire de la paroisse reste incomplète dans la littérature locale, qui a surtout documenté le prieuré.
L'essentiel de l'édifice, à l'exception du clocher et des chapelles latérales plus tardifs, a été édifié en une seule campagne au troisième quart du XIIe siècle, avec des influences romanes encore visibles. Des interventions postérieures expliquent la présence d'un clocher en charpente actuel, attribué par certains auteurs à la reconstruction après l'écroulement d'une ancienne tour de croisée, ainsi que des modifications et reprises aux XVIIe et XVIIIe siècles. Divers travaux de restauration et d'entretien ont été réalisés aux XIXe et XXe siècles ; une restauration intérieure importante a eu lieu en 2012 avec nettoyage des badigeons, enduits à la chaux et réhabilitation de la polychromie, tandis que des consolidations récentes ont porté sur les assises des tourelles, l'étanchéité et la charpente du clocher, financées en partie par des souscriptions organisées par la Fondation du patrimoine.
L'édifice adopte un plan cruciforme légèrement dévié vers le sud-est : une nef de quatre travées accompagnée de bas-côtés, un transept non débordant, un chœur d'une travée au chevet plat et deux chapelles latérales quadrangulaires. Le clocher en charpente, surmonté d'une flèche ardoisée, s'élève au centre de la façade occidentale au-dessus de la première travée, et est flanqué de deux tourelles d'escalier en pierre ; une sacristie a été accolée à l'est de la chapelle nord. L'ensemble est voûté d'ogives et comporte deux accès principaux : le portail occidental et un portail latéral dans la troisième travée du bas-côté sud.
La façade occidentale est dominée par les tourelles octogonales percées de meurtrières et couronnées d'une balustrade reliée par un passage ouvert ; ces éléments, associés à des gargouilles, donnent à l'édifice un aspect militaire qui traduit la volonté affichée de le fortifier. La grande fenêtre en arc brisé au-dessus du portail, flanquée de colonnettes à chapiteaux et surmontée d'une archivolte torique, atténue néanmoins ce caractère défensif. Le portail occidental, richement archivolté, a retrouvé depuis 2012 des colonnettes et des éléments de chapiteaux restitués, bien que certains chapiteaux restent des blocs bruts ; son linteau suit un arc en anse de panier et supporte un tympan non décoré.
Latéralement, le clocher est en charpente et les murs hauts de la nef sont épaulés par des contreforts plats d'allure romane, terminés par une corniche sommaire ; les fenêtres hautes en plein cintre présentent un double ébrasement et des claveaux chanfreinés. Les bas-côtés sont couverts de toits en appentis faiblement inclinés afin de préserver l'éclairement des fenêtres de la nef. Le portail latéral sud, à la troisième travée, adopte des formes gothiques flamboyantes avec un gâble aigu et une sextuple archivolte prismatique, tandis que le tympan porte encore des traces d'une inscription.
À l'intérieur, la nef présente une élévation à deux niveaux dominée par des arcades en tiers-point et des voûtes d'ogives sans mouluration, les arcs et nervures étant simplement chanfreinés. Les supports témoignent de deux campagnes de construction : certaines travées plus anciennes reposent sur des faisceaux de colonnettes et des chapiteaux sculptés de feuillages stylisés, de lions et de chimères d'inspiration romane, tandis que d'autres parties adoptent des pilastres à ressauts et des corbeilles carrées dépourvues d'ornement, peut‑être par suite de mutilations ou d'évolutions de goût aux XVIIe–XVIIIe siècles. Cette absence de mouluration généralisée donne à la nef une apparence rudimentaire, mais l'originalité des supports en fait un ensemble remarquable.
La transition vers le transept et les parties orientales résulte de reprises datées des XVIIe–XVIIIe siècles qui ont modifié les piles et les doubleaux, introduisant des tailloirs à profil classique et des fenêtres en anse de panier ; ces interventions ont conservé l'emploi d'arcades et de voûtes en tiers-point afin d'assurer une continuité stylistique. La polychromie architecturale récente restitue une lisibilité décorative qui fait défaut en l'absence de ces décors.
Le mobilier comprend dix-sept vitraux polychromes datés d'environ 1956, réalisés en verre acrylique pour des décors géométriques et en verre antique pour des vitraux figurés illustrant les vertus portées par divers saints ; deux vitraux sont attribués à Pauline Peugniez, les autres à Adeline Hébert-Stevens et Paul Bony. Parmi les éléments d'intérêt mobilier figurent des bancs de fidèles clos par des portières, un banc d'œuvre au dossier rocaille, des stalles et un ensemble homogène du XVIIIe siècle, ainsi que deux châsses-reliquaires en bois doré imitant des édicules Renaissance et contenant, selon la tradition, des reliques offertes par le cardinal César d'Estrées. La statue de saint Pierre sous la tribune d'orgue s'inspire d'un modèle vaticanais ; des statues et tableaux d'époques diverses complètent l'ensemble, dont une Déploration datée et restaurée et une Descente de Croix en mauvais état.