Origine et histoire de l'Église Saint-Pierre
L’église Saint-Pierre de Nerbis, dans les Landes, est une ancienne église prieurale dont le plan associe une nef, un bas-côté sud, un transept et un chevet à trois absides. Elle conserve des éléments romans, notamment le chevet, l’abside centrale et deux absidioles voûtées en cul-de-four, ainsi que des chapiteaux du chœur inspirés de l’abbaye de Saint-Sever. Un clocher fortifié, élevé au XIVe siècle, a perdu sa partie haute lors d’un incendie au XVIe siècle. L’édifice fut agrandi au XVIe siècle par un collatéral ; la nef et le bas-côté reçurent alors des voûtes à liernes et tiercerons ornées de clefs sculptées, dont l’une porte la date de 1547. Le retable de l’autel principal a disparu ; la console restante supporte une Vierge et les statues en bois de saint Pierre et saint Paul. La travée et le chœur romans, au relief contenu, mesurent environ 33 mètres d’est en ouest, le transept n’excédant pas 20 mètres, et la voûte atteint une hauteur d’environ neuf mètres. L’édifice compte trente-cinq clefs de voûte dont le décor renvoie au travail de bâtisseurs itinérants, apparenté à des motifs visibles à la cathédrale de Bordeaux ou au château de Blois. Deux chapiteaux de l’arc triomphal présentent des décors distincts : feuillages et animaux. Dans le mur nord subsistent des ouvertures attribuées à des postes d’observation et de défense, une porte murée au XVIIIe siècle et un bénitier en creux qui étaient probablement destinés aux cagots et gésitains, dont un coin du cimetière leur était réservé. L’autel de la chapelle latérale présente des scènes : à gauche le sacrifice d’Abraham, à droite l’agonie de Jésus au Jardin des Oliviers.
Selon les chartes, la donation de l’église de Nerbis et de son monastère à l’abbaye de Saint-Sever remonterait à la fin du Xe siècle, la charte de 1008 étant confirmée en 1012 ; l’édifice figure par ailleurs, sans précision, sur des documents évoquant l’an 963. Son rattachement à Saint-Sever dura près de huit cents ans et prit fin à la Révolution, moment auquel l’église devient paroissiale. Le prieuré perdit progressivement son caractère monastique après 1333 ; il fut partiellement détruit puis reconstruit au XVe siècle, notamment sous l’administration de Jean de Cauna, dernier prieur élu. À partir du XVe siècle, des prieurs commendataires, souvent absents et étrangers à la région, exercèrent des prélèvements importants sur les ressources locales. L’édifice et ses dépendances subirent plusieurs violences : il fut en partie détruit en 1435 lors des combats entre Français et Anglais, puis le clocher et le prieuré furent brûlés en 1569 par des bandes huguenotes, les cloches fondent et le trésor fut volé. La Fronde et des épidémies ajoutèrent d’autres dommages au XVIIe siècle, provoquant notamment soixante-trois décès en 1653. Vers 1660 l’église fit l’objet de réparations et porte sur son portail l’inscription « B.Dufegna Margille 1664 ». Sous la Révolution, une décision de destruction prise en 1793 ne fut pas exécutée grâce à l’intervention de Pierre-Arnaud Dartigoeyte, mais les biens annexes furent confisqués et vendus. Des travaux eurent lieu en 1842-1843 ; le clocher servit de repère géodésique en 1846. En 1862 le logis et le cloître du prieuré furent détruits, ne laissant subsister que la porte du cimetière et l’église. La commune de Nerbis, propriétaire, engagea une nouvelle campagne de restauration entre 1953 et 1984. L’église a été inscrite au titre des monuments historiques le 4 février 1965, son chœur a été classé le 24 février 1976, et l’édifice avec son enclos a été classé dans son ensemble le 26 septembre 2003.