Origine et histoire de l'Église Saint-Pierre
L'église Saint-Pierre de Petit-Palais-et-Cornemps, en Gironde, est classée au titre des monuments historiques depuis 1846. Elle présente un plan composé d'une abside précédée d'un chœur, d'un avant-chœur coiffant le clocher et d'une nef unique. L'abside et le chœur ont été voûtés d'ogives après leur construction et sont étayés par deux contreforts puissants; l'avant-chœur reçoit une voûte analogue qui se raccorde difficilement aux supports angulaires et comporte, au nord, une porte à mi-hauteur ouvrant sur un escalier menant au clocher. La nef est divisée en trois travées par des groupes de supports formés d'un pilastre portant une colonne engagée; ces colonnes, surmontées de chapiteaux au nord, devaient recevoir la retombée des doubleaux romans. Chaque travée est, de chaque côté, subdivisée par une colonne intermédiaire montée sur un bahut et portant deux arcades brisées dont l'extrados est bordé d'une archivolte. Le flanc nord est maçonné en moyen appareil et renforcé par des contreforts à ressauts qui répondent aux supports intérieurs.
L'église, d'origine du XIIIe siècle, a été remaniée au cours du XVIe siècle; elle a été assiégée puis partiellement renversée pendant les Guerres de religion par le vicomte de Turenne après la bataille de Coutras le 20 octobre 1587. Des réparations ont alors été effectuées, dont une mise en place de voûtements, et d'autres restaurations ont eu lieu au XIXe siècle. Les voûtes d'ogives, caractéristiques de l'architecture gothique, sont attribuées aux aménagements du XVIe siècle et ont été restaurées en 1844. À la même époque, Paul Courau proposa un devis pour la pose d'une voûte sous la charpente apparente et pour le renforcement du mur sud par des contreforts extérieurs, une arcature intérieure, l'élévation des murs gouttereaux et la réfection de la charpente; l'édifice a également été remis en état par les soins de M. Rapine.
La façade occidentale, conservée de la construction du XIIIe siècle, est de type angoumois et se distingue par ses arcatures polylobées et ses chapiteaux sculptés d'inspiration antique. Des portes feintes latérales donnent l'illusion de bas-côtés alors que l'édifice n'a qu'une nef. Structurée en trois niveaux, la façade présente au rez-de-chaussée un portail encadré de deux arcades aveugles séparées du portail par deux colonnettes, sur lesquelles reposent des colonnes plus hautes s'élevant jusqu'au bandeau de séparation; des groupes de colonnes semblables marquent également les angles. Le portail lui-même est constitué de cinq arcades en retrait portées sur des colonnettes, avec un cintre quinquelobé dont les lobes se terminent par des fleurons; les arcades latérales comprennent chacune deux arcades en retrait au cintre intérieur analogue.
Sur les tympans du portail, deux consoles figurées attirent l'attention: celle de droite, terminée par une tête de taureau, porte une statue masculine représentant un homme retirant une épine de son pied, tandis que la console de gauche, terminée par une tête de bélier, supporte une statue de femme agenouillée qui paraît tenir une épée dans la main droite. Au-dessus de chaque arcade latérale se voit un bas-relief très saillant représentant un lion en marche, aux attitudes qualifiées dans le texte de signes de honte et de soumission. Les chapiteaux des archivoltes sont sculptés et le niveau central porte cinq arcades composées chacune de deux arcades en retrait. Le fronton qui couronne l'édifice renferme quatre arcades à plein cintre; il est supporté par quatre chapiteaux doubles et par six modillons figurés à têtes démoniaques, et ses moulures latérales rappellent des motifs de l'époque préromane.
La décoration de la façade se caractérise moins par une grande statue centrale que par une multitude de détails dispersés — tores en amande, dents de loup, arcs polylobés, archivoltes sculptées et chapiteaux multiples non historiés. À l'intérieur, les chapiteaux sculptés prennent la forme de têtes gothiques ou de motifs végétaux et l'on conserve des vestiges de peinture murale, essentiellement des draperies.
