Origine et histoire de l'Église Saint-Pierre
L'église Saint‑Pierre, située au chef‑lieu de Ploërdut dans le Morbihan, est une église catholique d'origine romane profondément remaniée. Elle porte aujourd'hui le patronage de saint Pierre, alors qu'elle était probablement à l'origine dédiée à saint Ildut. L'édifice, en forme de croix latine irrégulière, comporte une nef romane accompagnée de deux bas‑côtés, un transept à deux croisillons et un chœur. Le transept et le chœur ont été remaniés aux XVIIe et XIXe siècles. La nef communique avec les collatéraux par des arcades en plein cintre dont certaines, à simple puis double rouleau vers l'est, témoignent de campagnes de construction distinctes. Les chapiteaux cubiques qui coiffent les piles, taillés dans un seul bloc de granit et surmontés d'un tailloir chanfreiné sculpté, peuvent remonter à la fin du XIe ou au début du XIIe siècle. Le clocher‑porche, avancé sur la façade ouest, est percé de petites fenêtres sur chacune de ses faces et flanqué de contreforts massifs ; il est parfois daté du XIIIe siècle. Un ossuaire, encastré dans l'angle et ajouré en claire‑voie, complète, avec le clocher, le côté sud de la façade et comble un angle abrité au XVIe siècle. La charpente datée du XVIe siècle présente des sablières et des entraits sculptés ornés d'animaux fabuleux, de crocodiles et de masques humains. Les arcades de la nef sont attribuées à la seconde moitié du XIe siècle ou à la première moitié du XIIe siècle, tandis que la reconstruction du bras sud du transept remonte à la seconde moitié du XVe siècle. En 1687, le bras nord du transept et les élévations nord et sud de la nef ont été remaniés, puis en 1781 le chœur, sa chapelle latérale sud et la sacristie ont été reconstruits, accompagnés d'un nouveau remaniement du bras nord du transept ; une porte provenant de la chapelle Saint‑Sauveur détruite a été remployée en 1970. La façade ouest révèle une forte dissymétrie liée aux divers aménagements : le clocher‑porche en saillie, la porte en arc brisé et l'ossuaire au droit du bas‑côté sud participent à ce jeu d'éléments. Le mur sud de la nef, doté d'un porche en saillie, a été percé de grandes fenêtres à lucarnes ; le transept sud présente deux phases visibles, dont un ajout gothique de la fin du Moyen Âge avec une fenêtre en arc brisé et une petite porte ornée d'une accolade décorée de choux frisés et d'un fleuron. Le transept nord et le sud, solidaires du chevet remanié aux XVIIe–XIXe siècles, partagent une même corniche portée par une frise de modillons et des grandes fenêtres en arc de cercle ; un décrochement à l'ouest du transept nord montre un appareillage distinct, signalant plusieurs campagnes de construction. À l'intérieur, la nef de huit travées est couverte d'une charpente et s'ouvre sur les bas‑côtés par des arcs retombant sur des supports alternant piles rondes et piles composées, toujours différents par leur forme. La plupart des chapiteaux sont sculptés et la base des piles a été masquée par un rehaussement du sol ; les arcades occupent les deux tiers de la hauteur des murs et sont surmontées de hautes baies aujourd'hui bouchées. Le transept, peu saillant, se distingue surtout par la différence des arcs latéraux et de leurs supports ; au sud, deux colonnes portant des arcades brisées, d'aspect gothique primitif mais reposant sur le dallage, pourraient révéler des interventions des XIIe ou XIVe siècles. Le mur plat du chevet est entièrement occupé par un grand retable du XVIIe siècle dont le sommet touche la voûte lambrissée. On note également, dans la charpente, des éléments sculptés du XVIe siècle et des aménagements destinés à l'acoustique consistant en trous remplis de sable dans certaines colonnes pour absorber des fréquences. L'édifice a fait l'objet d'un classement au titre des monuments historiques le 13 mars 1964. Parmi les éléments remarquables du mobilier, les chapiteaux sculptés romains, au décor géométrique varié — damiers, spirales, entrelacs, cordages —, constituent un ensemble significatif de la sculpture romane bretonne ; ils étaient au départ au nombre d'environ quarante et ne sont plus que dix‑neuf aujourd'hui. Les chapiteaux et l'architecture de la nef présentent des affinités avec d'autres églises romanes du pays Pourlet, telles que la Trinité de Calan, Saint‑Béheau de Priziac et Saint‑Pierre‑et‑Saint‑Paul de Langonnet.