Origine et histoire de l'Église Saint-Pierre
L'église Saint-Pierre de Puisseguin, située au centre du bourg sur la route départementale D17 en Gironde, est une église catholique dépendant du Secteur Pastoral de Saint-Émilion. Elle est fermée depuis novembre 2022 pour des raisons de sécurité liées à des problèmes de voûte. D'origine romane, l'édifice date de la fin du XIIe siècle et a été modifié et agrandi aux XVe et XVIe siècles. De la période romane subsistent la partie basse de la façade, comprenant le portail polylobé, et les deux premières travées de la nef dont les murs ont été surélevés et les fenêtres transformées ; la seule baie romane encore visible se trouve au nord de la première travée. Le chœur, de style gothique et attribué à la fin du XIIIe siècle, est voûté d'ogives retombant sur des chapiteaux sculptés de feuilles de vigne. Le sanctuaire ajouté au XVe siècle présente une voûte d'arête à nervures et se termine à l'ouest par un chevet plat percé d'une fenêtre à meneau. De plan en croix latine, la nef comporte deux travées voûtées, l'une en berceau brisé et l'autre en plein cintre. Deux chapelles voûtées en berceau ajoutées en 1786 forment les bras du transept : la chapelle nord est dédiée à la Vierge et la chapelle sud à saint Clair ; la sacristie, sur le flanc sud du chevet, date du même remaniement. Le chevet plat, épaulé par deux épais contreforts en biais, est également voûté d'ogives et le clocher néoclassique se dresse sur la façade occidentale. Le portail roman, aujourd'hui enfermé dans un porche moderne, comporte une porte centrale à redents flanquée de deux fausses portes ; la porte présente des chapiteaux jumelés et des tailloirs, tandis que la partie haute de la façade a été remaniée à l'époque moderne. Le porche a joué un rôle social important, servant de lieu de réunion et de marché, et la présence d'une litre funéraire — une large bande noire — témoigne du deuil d'un seigneur local aux XVIIe ou XVIIIe siècles, soulignant le rôle ostentatoire de l'église aux côtés du château. La prospérité du bourg a permis l'aménagement d'éléments gothiques aux XIIIe-XIVe siècles et la construction de chapelles avec le soutien du chapitre Saint-André de Bordeaux ; un ensemble de peintures néo-gothiques orne la chapelle nord, le chœur et la chapelle sud. L'édifice est cité dans la liste de 1398 des paroisses du diocèse ; il fut partiellement ruiné lors des combats de 1453 pendant la guerre de Cent Ans. Au XVe siècle la paroisse était prospère et dépendait d'un prieur, mais les guerres de Religion de la fin du siècle entraînèrent la fortification générale de l'église et l'exhaussement de la nef ; en 1587 les troupes de Turenne assiégèrent le village et son château. En 1617, après le renvoi de son curé par le cardinal de Sourdis, Saint-Pierre perdit le titre de paroisse et fut rattachée au chapitre de la cathédrale Saint-André de Bordeaux, qui en fit un vicariat perpétuel. Une ordonnance de 1664 demanda l'ouverture d'une petite porte dans le mur de l'église et, lors des visites de 1687, le chœur et la nef sont signalés comme voûtés. En 1786 le vicaire finança d'importants travaux, puis en 1858 le Conseil de fabrique proposa l'élévation d'un clocher selon des plans de l'architecte Léo Courreau. Des travaux de restauration du portail menés de 1989 à 1991 ont mis en valeur sa polychromie. Sur la façade sud subsistent deux cadrans solaires, dont un cadran canonial gravé dans la pierre d'un contrefort, et un cadran plus moderne figure sur la façade occidentale. Le portail est classé au titre des monuments historiques depuis le 22 septembre 1914.
