Origine et histoire de l'Église Saint-Pierre
L'église Saint-Pierre de Raulhac, dans le Cantal, est principalement un édifice de la fin du Moyen Âge, avec une colonne et quelques fragments de maçonnerie du XIIe siècle conservés dans les deux premières travées. L'édifice présente une nef unique de quatre travées, couverte de voûtes d'ogives, et se termine par un chœur polygonal à cinq pans inégaux. Des chapelles de la même époque ont été aménagées entre les contreforts le long de la nef. Dans la première travée, le portail roman est abrité sous un vaste porche surmonté du clocher. La porte romane, à cinq archivoltes et chapiteaux naïfs, provient de l'église antérieure et a été remployée dans la construction postérieure. Le porche date de la fin du XIVe ou du début du XVe siècle ; le reste de l'édifice remonte à la fin du XVe ou au début du XVIe siècle. Le clocher carré, élevé sur trois étages et flanqué d'une tour hexagonale, a été reconstruit en 1567. La sacristie a été édifiée de 1702 à 1704 par Charles Nocquet, maître maçon du Limousin.
Le chœur est éclairé par quatre fenêtres ogivales et communique avec la sacristie par une porte. La nef, sous voûtes nervées, abrite plusieurs chapelles autrefois possédées par des familles nobles — notamment Montjou, de Fontanges, de Scorailles, de Montal, Dunoyer, de Conquans, de Chazelle, de Montamat, de Rastinhac, d'Humières et de Greil de Volpilère — qui y avaient érigé autels, retables et tombes. La chaire à prêcher a été restaurée en 2001 à l'initiative de la municipalité.
Parmi les œuvres conservées figurent un retable daté de 1780, des peintures murales dont la voûte du chœur peinte au XIXe siècle par le peintre Morini, et des polychromies découvertes lors de récents travaux qui font apparaître les armoiries de la famille de L'Arbre d'Escalmels et le blason des Scorailles, seigneurs de Cropières. On note aussi un tableau du XVIIe siècle, L'Adoration des Mages, œuvre d'un anonyme flamand inspiré par Rubens, ainsi que le tableau-retable L'Éducation de la Vierge, récemment restauré. Au-dessus de la porte de la sacristie se trouve La délivrance de saint Pierre par un ange, tableau du XVIIIe siècle, rappelant le vocable de l'église, Saint-Pierre-aux-Liens.
Dominant la vallée du Goul, l'église présente des proportions remarquables, sa longueur étant de 33 mètres pour 16 mètres de largeur. Elle est probablement l'une des plus anciennes du Carladez, antérieure d'environ un siècle à l'église de Vic. La première église disparut au XIIe siècle et fut remplacée par une construction romane qui fut ensuite détruite par les Anglais pendant la guerre de Cent Ans ; de cette phase romane subsiste le portail sous le porche. Reconstruite au XVe siècle sous le patronage des vicomtes de Carlat, l'église porte sur les clefs de voûte les armes de Bonne de Berry et de son fils Bernard VIII d'Armagnac, comme à Saint-Pierre de Vic. Pillée par les huguenots à la fin du XVIe siècle, l'édifice conserva son gros œuvre et fit l'objet d'une restauration intérieure dans la première moitié du XVIIe siècle. Pendant la Révolution, l'intérieur fut de nouveau dévasté : statues brisées et retables abattus pour la plupart. Tout au long du XIXe siècle, les paroissiens contribuèrent à la remise en état de l'église, dite la "Reine de la Vallée". L'édifice a été inscrit au titre des monuments historiques en 1927.