Origine et histoire de l'Église Saint-Pierre
L’église Saint-Pierre de Saint-Pé-d'Ardet, de style roman et datée du XIe siècle, est inscrite à l'inventaire des monuments historiques depuis 1956. Très remaniée, elle conserve toutefois des éléments romans notables, comme une portion de corniche primitive et une colonnette de fenêtre ; le clocher paraît avoir été refait sur une base ancienne. Érigée sur l’emplacement d’un temple païen gallo-romain, l’église a été intégrée à une enceinte fortifiée dont subsistent encore quelques vestiges ; elle occupe le point le plus élevé du village, à 614 mètres. Le site a conservé une continuité de culte et renferme, à l’intérieur, des témoins d’époques diverses : vestiges gallo-romains, éléments mérovingiens et pièces plus récentes. Parmi ces antiques, on signale un bloc décoré — souvent pris pour un couvercle de sarcophage — qui est en réalité la face latérale d’un sarcophage paléochrétien ornée de motifs végétaux et d’un chrisme, attribuée aux Ve–VIe siècles. Des modillons d’époque mérovingienne sont visibles au-dessus d’une fenêtre de tribune et à la base des arcs de la voûte de la nef ; plusieurs corbeaux soutiennent la grande arche et une partie de la tribune. L’édifice conserve des vestiges de fresques, probablement du XVe siècle, qui ornent le chœur et représentent notamment la flagellation et l’adoration des mages. Ces peintures, vraisemblablement recouvertes à la Révolution, ont été révélées en 1948 et présentent des modes vestimentaires tardives, après 1480. L’ensemble des fresques se déploie selon quatre grands cycles thématiques — l’Enfance du Christ, la Passion, la Gloire et les Saints — et comporte des scènes identifiables telles que l’Annonciation, la Visitation, la Nativité, l’Adoration des Mages, l’Agonie au jardin des Oliviers, l’Arrestation, le Jugement par Pilate, la Flagellation, la Crucifixion et la Mise au Tombeau. L’Annonciation est très dégradée mais conserve, dans un phylactère tenu par l’ange, l’inscription « mulieribus » ; la Visitation subsiste surtout sous forme de tuniques partiellement lisibles ; la Nativité montre une représentation naïve d’une charpente et une mangeoire encore perceptible ; l’Adoration des Mages laisse deviner trois rois et la Vierge assise. Le cycle de la Passion est l’un des mieux conservés et reste lisible dans son intégralité, la Flagellation occupant une place centrale et la Crucifixion respectant une composition traditionnelle où la Vierge et saint Jean encadrent la croix. Certaines scènes, notamment l’Arrestation, comportent des détails complexes et ambigus — regroupant plusieurs épisodes en une seule image et présentant des personnages dont l’identification et la valeur symbolique ont donné lieu à diverses interprétations. Le cycle de la Gloire présente un Christ en majesté entouré du tétramorphe (lion, taureau, ange, aigle) et une série de saints évangélisateurs, dont les identifications de certaines figures font l’objet d’hypothèses. Le mobilier et le trésor de l’église comportaient de nombreux objets dont quelques pièces demeurent sur place, parmi lesquelles un reliquaire riche en reliques (plus de soixante-dix selon l’inventaire), orné de peintures datées des XIIe et XVe siècles et en cours de dégradation. La croix processionnelle, datée de la fin XIIIe–début XIVe siècle et offerte par le pape Clément V, conserve un émail repoussé exceptionnel et comporte, sur une face, la représentation d’un Christ couronné, ainsi que trois bulles de verre destinées à recevoir des reliques ; le revers figure le tétramorphe et des inscriptions grecques onciales ont été découvertes dans des phylactères lors d’une ostentation en 2010. Une Vierge à l’Enfant dans le style local, accompagnée d’une statue de saint Pierre et de deux anges, montre la Vierge foulant un dragon et une créature hybride et pourrait originellement appartenir à un grand ensemble d’autel. Les vitraux présentent des figures de saints, notamment saint Bertrand, saint Paul et saint Pierre. L’ensemble de l’église illustre la superposition d’histoires et de pratiques religieuses sur un même lieu et rassemble des témoignages architecturaux, décoratifs et mobiliers couvrant plusieurs siècles.