Origine et histoire de l'Église Saint-Pierre
L'église Saint-Pierre-ès-Liens, située à Saint-Pierre-de-Bat en Gironde, se trouve au cœur du bourg le long de la D19 en direction de Saint-Germain-de-Grave. Le parement du mur sud de la nef et le parement extérieur témoignent d'une construction du XIe siècle. Au XIIe siècle, l'abside et la travée droite du chœur ont été renforcées pour permettre le voûtement ; l'abside et le chœur conservent un caractère roman. La façade occidentale conserve des bases romanes mais a été élevée au XVIe siècle ; son portail ogival à trois ressauts est gothique, datant du XIIIe siècle. Après la guerre de Cent Ans, l'édifice a été agrandi par l'adjonction d'un bas-côté au nord et d'une chapelle au sud de la dernière travée de la nef. Durant les Guerres de Religion, les murs du chevet furent couronnés d'un crénelage défensif, avec un exhaussement au‑dessus de la corniche, des meurtrières en croix et une terrasse à mâchicoulis sur la façade ouest. Le bas-côté nord a été élevé au XVIe siècle ; la même période a laissé une fenêtre à meneaux ainsi que des portes et fenêtres murées. Sur le flanc sud de la nef subsistent des traces d'une chapelle détruite au XIXe siècle. À la fin du XIXe siècle, des voûtes d'ogives furent établies sur la nef principale et le bas-côté ; des restaurations intérieures ont été menées dans la première moitié du XIXe siècle et au XXe siècle. L'édifice abrite une chaire en pierre du XVIIIe siècle et, dans le chœur, des restes d'un décor peint du XVIIIe siècle. L'église est inscrite dans son ensemble au titre des monuments historiques par arrêté du 5 avril 2001, après une inscription partielle en 1925 pour son abside et son chœur. L'imagerie romane intérieure se réduit à quatre chapiteaux : deux pour l'arc du chœur et deux chapiteaux historiés de l'arc triomphal. Les chapiteaux de l'arc du chœur présentent une végétation stylisée aux feuilles retournées ou épanouies et des boules. Le chapiteau nord de l'arc triomphal, bien que fortement érodé, conserve une composition symétrique organisée autour de grandes volutes et piliers centraux ; au centre figurent les têtes de deux basilics et de deux serpents dont les corps se déploient sur les faces latérales et se terminent par des queues spiralées. Le chapiteau sud, en bon état, porte un grand tailloir décoré de volutes affrontées, de ligatures et de palmettes ; la corbeille sculptée sur trois faces montre, sur la face principale, un petit homme moustachu accroupi attaqué par deux grands dogues qui le saisissent l'un par les fesses, l'autre par les cheveux, tandis que les corps et les queues des animaux investissent les faces latérales. À l'extérieur, une trentaine de modillons sous la corniche du chevet — dont quatre sont aujourd'hui illisibles — offrent un répertoire figuré varié : têtes d'homme, cloche, musiciens (psaltérion, dolio, vielle), hommes, animaux (chien de chasse, deux lapins, poissons), oiseaux sirènes, oiseau griffu, loup, serpents, fruits, ainsi que des figures humaines crues (homme ithyphallique, femme exhibitionniste) et une matrone avec enfant. Dans leur ensemble, ces modillons évoquent les plaisirs de la vie — musique, chasse, pêche — mêlés à des figures maléfiques et à des représentations de la luxure ; la série associe ainsi dénonciation des vices et contre‑exemples moraux, le pendant étant la mère et son enfant, qui illustre la finalité procréatrice de l'activité sexuelle selon l'enseignement de l'Église.