Origine et histoire de l'Église Saint-Pierre de Saint-Pierre-les-L'Églises
L'église de Saint-Pierre-les-Églises est un édifice préroman remarquable pour un ensemble de fresques antérieures à l'an mil, reconnues parmi les plus anciennes d'Europe occidentale. Elle s'inscrit dans un cimetière qui conserve des sarcophages mérovingiens aux couvercles ornés, témoignant d'une nécropole antérieure à l'édifice. Un texte du XIIe siècle indique que l'église fut bâtie avec des vestiges d'un temple dédié aux dieux protecteurs de la navigation sur la Vienne. Les matériaux de l'abside, notamment deux assises de petit appareil et une arase de briques, évoquent une réutilisation d'éléments gallo-romains. L'édifice présente une nef rectangulaire ouvrant sur une abside semi-circulaire ; l'ensemble était originellement couvert en charpente et l'abside fut surélevée pour recevoir une voûte en pierre, la campagne romane se lisant dans l'appareil au-dessus des fenêtres. La voûte est soutenue par un arc doubleau qui repose sur deux colonnes adossées au mur. Au chevet, une borne milliaire romaine a été accolée et son inscription a été interprétée par certains chercheurs comme évoquant l'empereur Gordien III. Dans le cimetière et aux abords de l'église ont été mis au jour plusieurs sarcophages trapézoïdaux ; leurs couvercles portent souvent une bande longitudinale à deux ou trois traverses et l'un d'eux est décoré d'outils, peut‑être ceux d'un tailleur de pierre. Les fresques qui couvrent la totalité de l'abside ont été mises au jour au milieu du XIXe siècle par l'abbé Couhé, après avoir été recouvertes d'enduits anciens. Elles sont peintes à fresco avec une palette limitée — ocre rouge, ocre jaune, blanc et gris — et organisées sur deux registres rythmés par les trois fenêtres de l'abside, séparés par une alternance de lignes blanches et grises. On y lit des scènes inspirées de la vie de Jésus et de Marie : la Visitation, la Nativité accompagnée du bain de l'enfant, la chevauchée et l'adoration des mages, la Crucifixion avec Longin transperçant le flanc du Christ et la présence inhabituelle de Marie‑Madeleine, ainsi qu'un fragment représentant Hérode et, au registre inférieur, le combat de saint Michel contre le dragon. Des particularités stylistiques et épigraphiques avaient déjà suggéré une datation préromane ou carolingienne ; une datation au carbone 14 réalisée par Bénédicte Palazzo‑Bertholon situe la réalisation des peintures entre 782 et 984, ce qui les rapproche des plus anciennes fresques françaises telles que celles de la crypte de Saint‑Germain d'Auxerre. L'église a connu d'autres remaniements : les enduits intérieurs furent refaits en 1628, recouvrant alors les fresques de l'abside, et des travaux des XVIIe‑XVIIIe siècles ont élargi deux fenêtres et restauré l'imposte de la porte d'entrée. La toiture est en tuiles plates surmontée d'un petit clocher couvert d'ardoises. Classée au titre des monuments historiques, l'église conserve ainsi un témoignage exceptionnel de la peinture et de l'architecture préromanes, tandis que certaines peintures restent encore partiellement effacées ou non identifiées.