Origine et histoire de l'Église Saint-Pierre
L’église Saint-Pierre, située au centre de Saint-Satur, dans le département du Cher, est l’ancienne église abbatiale Saint-Guinefort de l’abbaye de Saint-Satur, à quelques pas du viaduc. Le premier sanctuaire aurait été fondé au milieu du Ve siècle par l’ermite Romble (sanctus Romulus) ; en 846 les reliques de Saint-Satur y furent transférées par l’archevêque Raoul de Turenne. Restaurée en 1034 par la comtesse Mathilde, qui dota le lieu d’un chapitre canonial et fonda une abbaye de chanoines réguliers de l’ordre de Saint-Augustin, l’église romane fut consacrée en 1104 par l’archevêque Léger ; le pape Innocent II institua par la suite des chanoines réguliers en remplacement des chanoines séculiers. L’abbaye et l’église furent à plusieurs reprises pillées et partiellement ruinées aux XIVe et XVe siècles par des bandes anglaises, puis affectées par les guerres de religion et les effets de la commende ; des reconstructions et des réparations s’échelonnèrent de la fin du Moyen Âge au XVIIe siècle, aboutissant notamment à l’achèvement des voûtes et à la couverture de l’église entre 1617 et 1626. La communauté monastique connut une période de renouveau au XVIIIe siècle avant d’être supprimée au cours du même siècle ; l’église devint paroissiale, le clocher actuel fut élevé en 1780 et l’autel majeur inauguré en 1783. Sur l’intervention de Prosper Mérimée, l’édifice fut le premier du Cher à figurer parmi les monuments historiques, classé sur la liste de 1840. Une importante campagne de restauration a été réalisée de 2010 à 2014.
Le chœur, flanqué de bas-côtés et d’un déambulatoire, est entouré de sept chapelles dont cinq chapelles rayonnantes. De grandes arcades séparent le vaisseau central des bas-côtés ; au-dessus des piles un passage de circulation traverse l’église sous des fenêtres qui occupent toute la surface de chaque travée. Les piliers, très élevés, portent une voûte d’apparence légère. Les chapelles conservent pour la plupart des vitraux du XIXe siècle et le maître-autel est de style baroque. Parmi les sculptures et mobiliers, on remarque notamment une statue de saint Roch et une imposante mise au tombeau du XVIIIe siècle qui a été restaurée.
L’église abrite un ex-voto maritime, le navire nommé « Le St Roch », daté de la fin du XVIIIe siècle : une maquette à trois mâts et brigantine, aux œuvres vives vertes et aux œuvres mortes dorées et vertes, agrémentée de touches rouges et bleues, avec une figure de proue dorée représentant saint Roch et son compagnon. Cet ex-voto a vraisemblablement été offert par des marins locaux ayant navigué sur des bâtiments de la Royale ou participé à des expéditions lointaines, à l’instar d’autres ex-voto de la région.
L’enclos de l’ancienne abbaye est divisé en deux cours contiguës, la mense conventuelle à l’est, proche de la collégiale, et la mense abbatiale, dite Château-Gordon, à l’ouest. Outre l’église, subsistent les lieux réguliers comprenant le grand bâtiment des religieux, le bâtiment attenant au sud (anciennes cuisines) et une aile en retour d’équerre au nord-ouest. Au sud de l’ancien cloître se trouve un bâtiment de la basse-cour conventuelle édifié en 1768-1769, période où la grande porte d’entrée de l’abbaye fut ouverte ; dans la cour abbatiale se dresse un édifice appelé au XVIIIe siècle pressoir ou Château-Gordon, dont l’étage accueillait autrefois l’hospice des hôtes et qui, datable de la seconde moitié du XIIIe siècle, constitue aujourd’hui le bâtiment le plus ancien de l’ensemble. Le bâtiment des religieux, relevant de la mense abbatiale depuis l’institution de la commende, forme la séparation entre les deux cours.