Origine et histoire de l'Église Saint-Pierre
L’église Saint‑Pierre se situe dans le bourg de Visseiche, en Ille‑et‑Vilaine, sur une parcelle triangulaire autrefois au centre du cimetière, limitée à l’ouest par la rue Sipa, au nord par la place de l’église et au sud par la rue de la Corbinais ; le placître méridional, précédé à l’angle sud‑ouest d’une croix de mission, est planté d’un araucaria et d’un petit bosquet. L’édifice a été édifié en plusieurs campagnes et conserve des vestiges de l’époque romane, notamment dans le mur sud de la nef. Le chœur, reconstruit et surélevé en 1537, contraste avec la nef tandis que la façade ouest a été refaite en 1543. La porte de la façade, de style Renaissance, a perdu son fronton mais a conservé ses colonnes et son décor sculpté ; au‑dessus, un personnage en demi‑relief portant les initiales OBR a été identifié comme Olivier Binesse, recteur de la paroisse à l’époque de la reconstruction. Le collatéral nord, ajouté vers 1655, se distingue par une succession de pignons, et le pignon ouest a été modifié par l’adjonction d’un clocher en 1828‑1829, comme l’indique l’inscription qui en témoigne. L’édifice a été classé au titre des monuments historiques en 1990.
Le plan présente deux vaisseaux terminés par un chevet droit ; le mur sud conserve en partie son élévation romane et comprend une fenêtre romane murée. L’intérieur est couvert d’une charpente et abrite une tribune seigneuriale en bois du XVIIe siècle, située à l’étage au‑dessus de la sacristie et ouvrant sur le chœur. Parmi le mobilier remarquable figurent les retables et l’orgue.
L’église conserve des fragments de verrières du XVIe siècle, classés avec l’édifice, regroupés dans la baie 2 (première fenêtre sud du chœur) et la baie 5 (seconde travée du collatéral nord). Un vitrail de la Passion, daté des années 1550 et attribué de façon hypothétique à Michel Bayonne, provient de la maîtresse‑vitre ; quelques scènes rescapées de ce cycle, restaurées et complétées en 1880 par les ateliers Leconte et Colin de Rennes, ont été replacées dans une baie du collatéral nord et présentent le portement de croix et la Crucifixion. Un vitrail composite, daté des années 1530‑1550 et fortement retouché en 1921, réunit trois fragments : les deux lancettes montrent un donateur à genoux, traditionnellement identifié comme Jacques de Champégé, seigneur de la Montagne, en prière devant une Vierge couronnée tenant une grappe de raisin et l’Enfant bénissant, tandis que le tympan contient un homme agenouillé pouvant appartenir à une scène d’un repas chez Simon.
L’atelier Leconte et Colin a par ailleurs livré à la paroisse, entre 1880 et 1882, sept verrières du XIXe siècle centrées sur des thèmes christiques et mariaux, parmi lesquelles figurent des scènes telles que Laissez venir à moi les petits enfants, la Résurrection de Lazare, les Apparitions de Lourdes, la Dernière communion de Saint‑Jérôme, Au mon peuple, que t’ai‑je fais ?, l’Agonie à Gethsémani et la Transfiguration. Le maître‑autel et son retable de pierre et de marbre font l’objet d’un marché daté de 1638 avec l’architecte lavallois Jean Martinet ; la composition, organisée en trois sections verticales et trois niveaux horizontaux autour de l’autel et du tabernacle, est complétée par un dais d’exposition daté des années 1730. Un emmarchement de trois degrés solennise la fonction sacerdotale conformément aux principes du Concile de Trente, et la théâtralisation du culte joue sur l’opposition des matières (tuffeau, marbre, bois) et des couleurs (blanc, rose, noir).
L’orgue, construit en 1890 par Georges Claus, est placé le long de la costale sud du chœur dans un buffet de style néo‑Renaissance ; sa composition initialement romantique a été entièrement transformée en 1962 par le facteur d’orgue Yves Sévère sous la direction de l’abbé Brault. Le buffet présente deux tourelles de cinq tuyaux encadrant une large plate‑face centrale à composition tripartite, le clavier en fenêtre se trouvant à droite ; la transmission est mécanique et l’instrument comporte des jeux tels que Montre 8, Bourdon 8, Prestant 4, Doublette 2, Plein Jeu III rangs et Trompette 8, ainsi que des accessoires de tirasse et d’appel Trompette. Le mobilier intérieur, en particulier les retables et l’orgue, constitue un élément majeur du patrimoine de l’église.
